jeudi, février 08, 2018

Une paire de claques bien sonore chez les cathos

J'ai toujours eu des doutes : je soupçonne « chrétien de gauche » d'être un oxymore.

En réponse à Jean-Pierre Denis : l’action chrétienne est une négociation perpétuelle avec le monde


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La foi n’est pas destinée à finir dans les catacombes. « Le but n’est plus de peser, de compter ou de marchander, mais de privilégier l’exemplarité, l’espérance, la charité », écrit Jean-Pierre Denis. C’est beau. Mais l’exemplarité, l’espérance et la charité ne s’opposent pas au fait de peser, de compter et de marchander. Il n’y a pas de dissociation entre les bonnes œuvres de la foi et les bonnes œuvres du monde. Jean-Pierre Denis ne peut pas enjoindre le chrétien à remplacer sa nature – calculatrice, comptable, négociatrice - par la grâce. La grâce ne supprime pas la nature, mais la perfectionne, écrivait saint Thomas d’Aquin. Le rôle du chrétien n’est pas de laisser le monde suivre son cours et de faire le clown, de loin, sans se salir les mains, mais de mettre la main sur le gouvernail du monde pour le rediriger vers le Bien. Jean-Pierre Denis a les mains propres parce qu’il n’a pas de main [1].

Cette dissociation entre la vie du monde et la vie de foi n’est pas corroborée par les Pères de l’Eglise. La vie du chrétien est un combat spirituel, une négociation permanente entre la grâce et la nature, l’esprit et la chair, la cité céleste et la cité terrestre. Que faisaient les premiers chrétiens, comme saint Justin, qui écrivaient des « Apologies » en forme de lettre au pouvoir Romain pour s’expliquer, se montrer et faire pression ? Que faisait saint Augustin en écrivant la Cité de Dieu, sinon entrer de plein pied dans la grande négociation entre les deux cités – terrestre et céleste - que doit entreprendre tout chrétien en son for intérieur ? Que faisait saint Thomas d’Aquin en écrivant la Somme contre les Gentils, sinon confronter la foi surnaturelle du chrétien avec la raison naturelle des païens, de peser, négocier et calculer avec et contre eux ?

Si, comme l’écrit Finkielkraut, « le champ de débat contemporain est un face-à-face terrible et dérisoire entre le fanatique et le zombie », Jean-Pierre Denis joue bien le rôle du zombie et essaye de faire endosser aux autres le rôle du fanatique. Un chrétien, c’est un croyant qui sait que l’action divine le précède toujours, qui a le désir de vivre et d’agir ici-bas, qui a la volonté de construire et de faire perdurer une civilisation viable pour tous. Porté par les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité, le chrétien rentre en négociation permanente avec le monde. Le rôle du chrétien n’est pas de laisser le monde suivre son cours, mais de mettre la main sur le gouvernail du monde.

Vivien Hoch, docteur en philosophie
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 Je connais une forme brève de ce raisonnement :

_ Jeanne, si Dieu veut la victoire des Français, qu'a-t-il besoin de vos armées ?

_ Les hommes d'armes combattront. Et Dieu donnera la victoire.

Mais bon, tous les philosophes n'ont pas le privilège d'être une sainte fulgurante.

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