lundi, août 14, 2017

Une analyse de la confrontation Corée du Nord - Etats-Unis

J'en ai vraiment ma claque, sur ce sujet et sur d'autres, de la médiocrité de la presse française. J'ai honte.

Comme le dit le début de l'article, on nous présente les événement comme le concours d'aboiements de deux excités. On ne pourrait faire une analyse plus nulle. C'est à croire que les journalistes français font une compétition pour savoir qui sera le plus con ... et il y a de la ressource.

Et on note le silence assourdissant de la France et du machin bruxellois, preuve, s'il en fallait, que nous ne comptons plus. Au fait, je croyais que notre nouveau président était un croisement de Jésus et de Superman, étrange qu'il n'ait pas encore sauvé le monde (bon, il a mollement soutenu Trump, c'est déjà ça).

On trouve tout de même cela dans le Figaro :

Trump, Kim Jong-un et la Chine : les clés d'un bras de fer

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Kim Jong-un a un projet clair qui est de doter son pays d'une force de dissuasion nucléaire. Instrument majeur d'une indépendance pour le moment plus fantasmée que réalisée, elle ferait entrer l'État nord-coréen dans le club encore restreint des puissances nucléaires.

[…]

Donald Trump, lui, poursuit une politique qui est loin d'être nouvelle : tenter d'empêcher la prolifération des forces nucléaires dans le monde - et pas seulement celles de la Corée du Nord. On peut discuter cette politique qui avalise la distinction entre ceux « qui en ont » et ceux qui « n'en ont pas ». Mais elle n'a rien d'absurde. De surcroît, la méthode du président américain ne semble pas relever de la psychiatrie, comme on le lit ici et là; mais d'une approche réaliste.

[…] les États-Unis se sont appuyés sur l'ONU, qui a interdit à la Corée du Nord tout essai balistique ou nucléaire sous peine de sanctions. Cela n'a rien donné, il faut le reconnaître.

La diplomatie américaine consiste donc, désormais, à compter sur la Chine pour retenir les ambitions du numéro un nord-coréen. Trump sait que seule Pékin a les moyens de tordre le bras de son petit allié nord-coréen. Les pressions pour que la Chine abandonne sa relative complaisance envers ce dernier se sont faites plus insistantes et variées. Trump a usé d'encouragements, voire de flatteries : il s'est déclaré « sûr » que la Chine se montrerait une puissance mondiale responsable. Ensuite, il a affecté d'être déçu par Pékin. Nous pensions que les Chinois feraient mieux, mais au moins, nous aurons essayé, a-t-il déploré en substance. Comme Trump n'est pas naïf, il a glissé aussi quelques menaces: si la Chine ne forçait pas son allié nord-coréen à renoncer à ses projets balistiques et militaires, l'Amérique « pourrait agir seule » et toutes les options « seraient sur la table », de la frappe préventive à un règlement bilatéral qui exclurait la Chine. Les commentateurs aiment à souligner les allusions de Trump à une possible guerre. Mais le président des États-Unis a aussi déclaré qu'il serait « honoré » de rencontrer le jeune dirigeant nord-coréen en tête à tête. Bref, il souffle le froid et le chaud.

La Chine a compris le message. À ses yeux, la Corée du Nord n'est qu'un élément d'un bras de fer plus vaste avec les États-Unis. Ses dirigeants se souviennent des promesses de campagne de Trump concernant l'institution d'une taxe d'environ 45 % sur les importations chinoises aux États-Unis. Ils n'ont pas oublié ses critiques relatives à la manipulation du yuan. L'économie chinoise, croit-on souvent, est trop prospère pour s'inquiéter des mesures que pourraient prendre les États-Unis à son encontre. C'est une erreur. La dette chinoise s'est envolée à bientôt 300 % du PIB. Si le système économique chinois est un système assez contrôlé par l'État pour ne pas trop craindre les trous d'air, il n'est pas sûr que Pékin aimerait tenter l'expérience in vivo pour s'en assurer.

[…]

Mais la Chine ne peut pas non plus se permettre l'effondrement de son allié nord-coréen au profit d'une Corée du Sud soudée aux Américains. Les deux géants américain et chinois sont entrés dans une phase de concurrence pour s'assurer le leadership mondial. En Asie orientale comme ailleurs. Dans ce qui se dessine comme la grande confrontation des prochaines décennies, la Chine ne veut pas commencer par une reculade. Pékin n'entend pas abandonner la Corée du Nord, et n'est par exemple pas du tout disposé à inclure dans les sanctions l'interdiction pour la Corée du Nord d'importer son pétrole. Les dirigeants de Pyongyang sont parfaitement conscients de la garantie stratégique que la Chine leur assure. C'est fort de ce soutien que Kim Jong-un affronte, avec une certaine tranquillité d'âme malgré les apparences, le géant américain. Le David nord-coréen est soutenu par un Goliath bis qui, s'il ne peut lui faire quitter le ring, lui évitera le K.-O.

Quand Donald Trump renoncera à privilégier le concours de la Chine pour aboutir, nous entrerons dans une nouvelle étape - et peut-être plus rapidement qu'on ne croit. Nous aurons sans doute alors d'autres inquiétudes. Mais pour le moment, Trump joue bien sa partition et, hélas, Kim Jong-un aussi. La présidence d'Obama n'a pas obtenu de résultats sur ce dossier. La détermination de Donald Trump doit être saluée, comme elle l'a été par le président Macron. L'horreur du régime de Pyongyang ne se mesure pas seulement à ses menaces apocalyptiques mais au sort qu'il fait subir à sa population. Un exemple entre cent: la main-d'œuvre nord-coréenne bon marché qui travaille en Chine ou en Russie doit verser 80 % des salaires à l'État nord-coréen. Il faut ouvrir la Corée du Nord aux idées, aux images et à la musique du reste du monde. Curieuse solution ? C'est celle de l'avenir. L'URSS s'est effondrée sans tirer un coup de feu, alors que Moscou était en possession de près de 12000 ogives nucléaires stratégiques.
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Je vous encourage vivement à lire Destined for war. Thucidydes' trap.

L'escalade par alliés interposés (type 1914) est un des scénarios menant à une guerre entre les Etats-Unis et la Chine.

On pourrait se poser la question du rôle de la France dans tout cela. Depuis Nicolas Sarkozy, nous sommes alignés servilement sur les Etats-Unis (et « servilement » est presque un euphémisme).

Hélas, hélas, hélas, aucun de nos politiciens n'est en mesure de poser ce débat essentiel, non seulment pour la France, mais, peut-être aussi pour la paix du monde. Trop incultes, trop bêtes, trop nombrilistes, trop conformistes.

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