dimanche, août 20, 2017

La dette de Louis XV (C. Tardieu)

Un livre consacré au quatre mots célèbres de De Gaulle : « Vive le Québec libre ! ».




Quel bonheur, De Gaulle en action, à son meilleur !

Il mérite bien des critiques, mais là, il fut parfait.

Le plus jouissif de cette histoire, ce sont les mines allongées des notoires et des notables des deux cotés de l'Atlantique, les mous, les veules, les toujours prêts à trahir, les politocards, les compradores, bref, les centristes. Tous leurs efforts dérisoires pour expliquer que De Gaulle s'est laissé emporter, qu'il ne voulait pas vraiment dire ce qu'il a dit, les allusions à la sénilité ...

C'est bien simple : le Figaro et le Monde étaient d'accord pour condamner De Gaulle, ce qui est un signe infaillible qu'il avait raison. Quand le journal de la bourgeoisie d'argent et celui de la bourgeoisie intellectuelle convergent, on peut être sûr qu'il s'agit d'une belle saloperie contre la France.

Tardieu évoque des restes de pétainisme : l'idée que la France, comme le Québec, est désormais un petit pays qui sort de l'histoire et que sa vocation est de se compromettre avec tout le monde et de ne pas élever la voix.

Au contraire, tout indique que les mots de De Gaulle sont prémédités et parfaitement justes.

Il n'y a d'ailleurs qu'à voir la réaction courroucée des bourgeois contre De Gaulle (on notera qu'il fut soutenu du bout des lèvres par les communistes) : ils sont toujours plus hystériques vis-à-vis des gens qui ont raison contre eux que vis-à-vis de ceux qui ont tort contre eux (c'est vrai aujourd'hui avec Trump).

Le point de vue de De Gaulle était simple, mais pour les imbéciles et pour les lâches, tout est toujours compliqué : il payait la dette de Louis XV.

Cette affaire n'est pas si loin de nous.

De Gaulle détestait Pierre Trudeau, père de l'actuel, et désastreux, premier ministre canadien, celui des accommodements « raisonnables » avec la charia et avec l'excision. De Trudeau père, le grand Charles disait : « C'est un adversaire de la France, un ennemi acharné de la chose française au Canada ». Dans les colonies, les sous-fifres indigènes sont souvent plus méchants que les maîtres.

La violence de la réaction des anglo-saxons montre qu'ils ne sont nos amis qu'à la condition que nous restions soumis. N'est-ce pas toujours actuel ? Il est vrai que nous n'avons pas l'occasion de rester cette hypothèse puisque, justement, nous restons soumis comme des toutous.

Les élites françaises ne sont-elles pas, plus que jamais, prêtes à trahir la France ?

Cela date de la fin du règne de Louis XIV, quand les élites en question ont compris que la France ne serait pas l'instrument leur permettant de dominer le monde et qu'elles ont rejeté ce pays trop faible pour servir leurs prétentions planétaires. Et ça ne s'arrange pas.

Les Français du Canada ont gardé beaucoup de rancune à la France de les avoir abandonnés. Ils se souviennent aussi que ceux qui avaient de l'argent s'en sont retournés au pays natal sans trop de scrupules, seul le petit peuple est resté.

Bien entendu, cet enfoiré de Voltaire va beaucoup oeuvrer pour l'abandon du Canada. Voltaire est tout ce que je déteste : un réel talent en paroles, un beau parleur, on ne peut s'empêcher d'apprécier ses contes, mais aucune élévation d'esprit. Le génie littéraire mis au service de la bassesse, de la rancoeur, de la mesquinerie, des petites haines d'un narcisse ridicule. Un écrivassier qui se paye de mots. Il fait partie de « tout ce qui grouille, grenouille, scribouille ». La frivolité n'empêche pas la méchanceté, bien au contraire. Qu'il fût la coqueluche d'une époque juge, et condamne, celle-ci.

J'ai la nostalgie de la France américaine, ou de l'Amérique française si vous préférez.

Si nous l'oublions, c'est parce qu'elle est notre mauvaise conscience. Elle parle d'un temps où les Français étaient des aventuriers. Cartier, Champlain, Montcalm, plus au sud, Marquette, Cadillac, La Salle ... Et Pontiac, ce chef indien qui a préféré mourir sous le drapeau à fleur de lys plutôt que de se rendre aux Anglais ? Combien de Français savent qu'ils restent des paroisses francophones dans le Maine ? C'était un temps où la France ne demandait l'autorisation de personne pour partir à la conquête du monde.

Terminons sur un message d'espoir.

Comme les Polonais, les Irlandais et les juifs, les Français du Canada ont su préserver leur identité, même si, aujourd'hui, sous les assauts conjugués du cosmopolitisme et de l'immigration, la cause souverainiste est bien mal en point.

Enfin, un doute, une incertitude, presque un remords. En France, les velléités indépendantistes, corse, basque, bretonne, savoisienne, voire alsacienne, me font pitié. Je les traite par le mépris : comment peut-on vouloir être de Bretagne quand on peut être de France ? C'est ridicule. Pourtant, la volonté indépendantiste québécoise a toute ma sympathie. Autre pays (le Canada, c'est gentil, mais ce n'est pas comparable à la France), autres circonstances, certes. Mais j'ai conscience que l'avenir est peut-être du coté du local, de l'enraciné. Bref, je me demande.


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