jeudi, avril 27, 2017

Le piège des deux droites

Il y a deux droites, la droite molle, bourgeoise, et la droite dure, prolétarienne.

Aucune de ces deux droites ne disparaîtra, à cause de la sociologie. Elles doivent donc s’unir.

Et elles ne le feront pas.

Zemmour fait remarquer que Mélenchon a dit deux fois dimanche soir « ma patrie bien-aimée ». Marine Le Pen, elle, parle de « notre pays ».

Et les crétins de LR ? Ils parlent de « c’pays », comme un rot, comme s’ils n’en faisaient pas partie, comme s’ils le dédaignaient. Alors, évidemment, unir « notre pays » et « c’pays », ce n’est pas gagné.

Cette union indispensable ne peut se faire qu’en intégrant deux dimensions : le tri des accords et désaccords et la répartition des places et des responsabilités. Hélas, je ne vois personne pour prendre en charge un tel chantier, le pousser et l’organiser et, sans hommes, il n’y a rien de possible. Le fédérateur de tout cela peut être l’ambition : désunis, ils perdent ; unis, ils gagnent. Ils gagnent peut-être un peu moins chacun mais s’ils perdent tous ensemble, c’est zéro chacun. Théorie des jeux.

Les deux parties ont intérêt à cette union, car aucune ne peut plus gagner seule, même si elles croient et espèrent le contraire. Mais quand on est con, on est con.

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 Mathieu Bock-Coté :

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Le conflit idéologique croise ici une mutation sociologie bien réelle. On a noté l'incapacité de François Fillon de rejoindre les classes populaires tout comme l'incapacité de Marine Le Pen de rejoindre la bourgeoisie nationale et conservatrice. Les deux habitent pourtant l'espace national et témoignent d'un désir d'enracinement dont la censure alimente un profond sentiment d'aliénation politique. Ces deux catégories, en quelque sorte, s'inscrivent dans un espace national qui n'est pas celui de la nouvelle bourgeoisie mondialisée. Cette dernière contrôle encore les codes de la respectabilité médiatique et se maintient ainsi au pouvoir. S'agit-il d'une contre-offensive durable ou seulement d'un sursis?

Quoi qu'il en soit, le deuxième tour de la présidentielle n'aura rien de la grande explication idéologique autour de la question nationale française. En fait, ce deuxième tour maquillé en affrontement homérique entre philosophies contradictoires ne sera rien d'autre qu'une réaffirmation de la toute-puissance du système médiatique qui est parvenu en quelques mois à redéfinir une élection en la dégageant des enjeux de fond qui auraient dû la définir. Le débat de l'entre-deux tours sera à bien des égards parodique. Le fond des choses finira bien par remonter à la surface, mais pour un temps, le système médiatique aura remporté la bataille.
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