dimanche, octobre 30, 2016

La guerre du Pacifique (N. Bernard)

Excellent livre, que je vous conseille.

Agréable à lire malgré quelques fautes d'orthographe et de syntaxe. Il évite le style universitaire amphigourique qui est quelquefois si pénible.

Son livre part de loin et se prolonge après la guerre, sur les conséquences. On a donc une vision panoramique passionnante.

Deux points pour vous mettre en appétit (les détails sont évidemment dans le livre) :

♘ Pourquoi le Japon s'est-il engagé dans cette guerre absurde, où il avait peu à gagner et beaucoup à perdre ? Parce que c'était un pays dysfonctionnel, tiraillé entre l'Armée, tournée vers l'ouest et l'URSS, et la Marine, tournée vers l'est et les Etats-Unis, et qui, à force de penser à l'étroit, finit par penser faux, par se faire une représentation très fausse des réalités (un peu comme cet autre pays dysfonctionnel, la France de 2016, qui a fini par se persuader de cette absurdité qu'elle était victime du libéralisme économique (1)).

L'attaque de Pearl Harbour a été immédiatement un échec stratégique pour le Japon. Pour qu'il en fût autrement, il aurait fallu que la Marine coulât les porte-avions américains et que l'Armée prît le contrôle d'Hawaii. Les conceptions fausses des Japonais sur l'Amérique ne leur permettaient pas de sentir cette nécessité, ils croyaient qu'une « simple » attaque aérienne suffirait à démoraliser les Américains.

♘ Pourquoi les Américains ont-ils utilisé l'arme atomique à Hiroshima et Nagasaki ? Parce qu'ils le pouvaient.

Toutes les autres réponses (impressionner l'URSS, par exemple) méritent d'être écoutées, mais, quand on analyse les discussions américaines, l'argument principal est tout de même « à la guerre, on balance tout ce qu'on a » (sauf si on a peur de la riposte de l'ennemi - la question ne se posait pas pour l'arme atomique).

Les Américains savaient ce qu'ils faisaient, le général Spaatz a demandé un ordre écrit. Sauf s'agissant de la radioactivité : l'explosion du 16 juillet d'Alamogordo n'avait pas été analysée avec assez d'attention (2).

Beaucoup, y compris, des Japonais, pensent que les Américains ont bien fait : la famine s'installait au Japon, il était plus que temps d'abréger la guerre. Les bombardements atomiques et l'entrée en guerre de l'URSS ont enfin permis au pouvoir japonais, après encore bien des hésitations (certains croyaient encore pouvoir terrifier les Américains en sacrifiant les Japonais dans un holocauste délirant), de trancher le noeud.

Les critiques des bombardements atomiques, même en ignorant l'anti-américanisme souvent primaire qui les inspire, butent toutes sur le même écueil : c'est facile de reconstruire l'histoire dans un sens qui donne le beau rôle à celui qui parle.




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(1) : je sais bien que les notions de capitalisme de connivence, de libre-échangisme d'Etat et de communisme de marché ne sont pas évidentes, mais tout de même ... Les Suisses y arrivent bien, eux, à ne pas rejeter leurs problèmes sur un libéralisme économique fantasmé. Sommes nous plus cons que les Suisses ?

(2) : en voyant l'explosion, Oppenheimer a déclaré : « Je suis la Mort. Le destructeur des mondes ». Un de ses adjoints a traduit : « Maintenant, nous sommes tous des fils de pute ».http://education.francetv.fr/matiere/epoque-contemporaine/premiere/video/la-reddition-japonaise-fin-de-la-seconde-guerre-mondiale

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