samedi, octobre 22, 2016

La démocratie au secours de la démondialisation (et vice-versa) une fois

Il n'y a pas de démocratie sans peuple, il n'y a pas de peuple sans nation et pas de nation sans frontières.

On peut gloser sur le fait qu'on peut avoir des peuples sans frontières physiques, comme chez les nomades. On tombe alors dans une définition tribale (certes très à la mode par la force des choses, puisque les tribus resurgissent depuis que les frontières ont disparu) qui est une régression terrible par rapport aux définitions nationales des peuples qui avaient cours chez nous, occidentaux.

Donc, pour le bien de tous et d'abord de nos vieilles nations, on ne sort pas de ce quatuor sans extrême péril : démocratie, peuple, nation, frontières.

C'est pourquoi l'affaire du parlement wallon qui s'oppose au traité CETA est intéressante : c'est un cas pur (ou presque) de démocratie qui se défend contre l'abolition des frontières. Ce qui est encore plus significatif, c'est qu'il est en passe de gagner et que les arguments qu'il emploie sans détour sont précisément ceux dont je vous parle : démocratie contre mondialisation.

Natacha Polony: « Paul Magnette président ! »

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Il faudrait toujours relire René Goscinny. Dans l'album Astérix chez les Belges, les fiers Gaulois sont furieux d'apprendre que Jules César décrit les Belges comme le peuple le plus brave de la Gaule. On adorerait que, piqués au vif, nos politiques aillent se mesurer au courage de leurs voisins. Mais le spectacle un peu falot de la campagne à droite, le naufrage surréaliste d'un président devenu un cas psychanalytique, nous laissent deviner que nous resterons de notre côté de la frontière. Le mauvais.

Malheureux citoyens français, connaissez-vous Paul Magnette? Il intéresse nettement moins la presse morale et progressiste que le fringant Justin Trudeau, premier ministre canadien censément de gauche, assez peu préoccupé de conquêtes sociales mais féru d'ouverture à l'Autre, surtout quand l'Autre réclame des droits pour sa minorité religieuse. Le premier est peut-être moins «cool» que le second, mais il vient de lui donner une leçon de souveraineté. Comme à nous tous.

[…]

Paul Magnette a donc réclamé « des clauses juridiquement contraignantes qui fassent en sorte que si demain il y a un conflit entre une multinationale et un État, on n'ait pas affaibli les pouvoirs de l'État de réguler, de protéger nos services publics, nos normes sociales, environnementales, tout ce qui fait le modèle de société européen auquel nous sommes très attachés ». Mieux: à ceux qui l'accusaient de faire de son pays un paria, il a dit préférer « un isolement diplomatique à une coupure avec la société civile wallonne, dont des pans entiers (syndicats, ONG, agriculteurs…) s'opposent au traité » parce qu'il «sonne l'arrêt de mort de l'agriculture wallonne déjà en crise».

Un gouvernant qui se soucie de protéger l'agriculture et les services publics, il est vrai que c'est assez surprenant. Les hiérarques de la Commission européenne n'en reviennent pas. Pas plus que les gouvernants français, qui n'ont pas de mots assez durs pour le Tafta (du moins jusqu'en mai 2017), depuis qu'ils ont compris que les peuples s'y opposent farouchement, mais qui trouvent le Ceta tout à fait acceptable.
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Magnette, Trump, Poutine, Brexit ... On voit bien que la souveraineté et la démondialisation sont à la mode.

Tout le problème est de savoir si ce n'est qu'une mode. Dans ce cas, il suffit à l'hyper-classe mondiale de faire le dos rond en attendant que l'orage passe, en laissant le temps jouer pour elle (pendant qu'on parle des « migrants », il continue à entrer 300 000 immigrés en France par an, qui sont autant d'envahisseurs potentiels).

Il se peut que, comme souvent, les blocages politiques se dénouent quand la finance s'écroulera (la mondialisation est bâtie sur d'extraordinaires déséquilibres financiers).

Pour l'instant, l'espoir revient.



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