mardi, février 16, 2016

Piquemal et les piquent bien : pas de couilles, pas d’embrouilles

Je ne suis pas sûr que le général Piquemal ait eu raison de manifester comme il l’a fait.

En revanche, l’empressement de certains généraux à lui savonner la planche dans les medias et cette manière perfide de rappeler ses états de service pas très opérationnels (quel rapport avec la choucroute ?) font naître un sourire narquois chez le pékin désabusé que je suis. Devant cette noble attitude, notre interprétation hésite entre « Pas de couilles, pas d’embrouilles » et « Courage ! Fuyons ! ».

Cela me rappelle une blague : « Quels sont les premiers mots de russe qu’on apprend dans l’armée française ? " Ne tirez pas, on se rend " ».

Comme l’ont fait remarquer en chœur Gérard Longuet et Eric Zemmour au général Desportes, on peut être en désaccord avec Piquemal sans lui contester le droit de s’exprimer. De plus, lui demander de rester neutre à un moment où le gouvernement ne garantit pas la neutralité de l’espace politique (usage partisan de l’état d’urgence), c’est prendre parti pour le gouvernement. Les généraux qui ont tiré sur l’ambulance Piquemal ont joué dans la main du pouvoir avec une naïveté d’enfants de chœur (si ce n'est pas de l'obséquiosité courtisane).

Courir après les djihadistes dans le désert n’exige pas le même genre de courage que de s’opposer au gouvernement. On peut avoir l’un sans avoir l’autre. La république a toujours fait preuve de dextérité dans la promotion de généraux sans danger politique, quitte à ce qu’ils manquent de caractère ou de vision. C’est un problème français : le régime, mal assuré de sa légitimité depuis les origines (on ne guillotine pas un roi impunément), craint toujours les militaires. Il s’est loupé avec Bonaparte, mais il a bien réussi à éviter Boulanger. Faisons une comparaison. Croyez vous que la reine Elizabeth craigne un putsch militaire ?

A force de sélection, de formation, de re-sélection, de re-formation, on obtient des généraux terrifiés par la moindre implication politique. Ils y sont aussi à l’aise que des bonnes sœurs dans un bordel mexicain. On ne verra jamais un général français faire une carrière politique classique à la Eisenhower (1).

Et c'est bien dommage : l'armée est une des rares institutions, avec l'Académie, à tenir debout. Les académiciens sont trop vieux, mais on pourrait espérer des militaires un peu plus de ressources. Hélas, cela ne paraît pas être le cas : « Parfois, les militaires, s'exagérant l'impuissance relative de l'intelligence, négligent de s'en servir. ».



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(1) : la carrière de De Gaulle ne fut pas classique, plus proche du coup d’Etat. Surtout, il a toujours eu la tête plus politique que militaire et il n’a du son grade de général à titre temporaire  qu'à la faveur de circonstances exceptionnelles. Bref, De Gaulle est l'exception qui confirme la règle.

De Gaulle, lui, a su très bien distinguer la différence essentielle, qui semble dépasser l'entendement de nos modernes généraux, entre légalité et légitimité.

Le pouvoir en France est frappée d'illégitimité depuis le 8 février 2008 (certains disent depuis la mort de Louis XVI), date de la ratification par voie parlementaire du traité de Lisbonne, directement contraire au vote du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen et les traitres ne peuvent se prévaloir d'aucun changement de circonstances. Tout gouvernement qui se prétend démocratique et prend des décisions sans ambigüités contraires à un vote populaire est illégitime. Tout gouvernement qui ne revient pas sur ces décisions partage cette illégitimité. Donc, tous les gouvernements français depuis le 8 février 2008 sont illégitimes.

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