mardi, décembre 08, 2015

L'ennemi et l'Autre

Jean Raspail disait, en préface de la réédition du Camp des Saints, que nous étions surveillés par Big Other.

Alain Finkielkraut dit la même chose avec une formule percutante : « Hitler disait : "L'Autre (l'Autre absolu étant le juif), c'est l'ennemi". Par réaction, le camp du Bien nous dit aujourd'hui : "L'ennemi (qui est un vrai ennemi qui veut nous tuer), c'est l'Autre (que nous devons aimer comme nous-même)" ».

Nous sommes en plein dans les vertus chrétiennes devenues folles de Chesterton. D'ailleurs, ce genre de propos cons et suicidaires vient en ce moment, plus souvent qu'il n'est admissible, de curés, d'évêques, voire de pape.

Après des siècles de théologie et des rayons entiers de bibliothèques consacrés à la question de l'amour, de l'autre, du prochain, de l'ennemi et de la guerre, il est navrant d'entendre ou de lire des idioties pareilles.

Alors rappelons brièvement quelques notions élémentaires (ou qui devraient être élémentaires) :

♘ : l'amour  chrétien est personnel, il s'adresse à un homme précis, de chair et d'os et ne saurait englober une population en général et indistinctement.

♘ : l'obligation d'aimer son ennemi comme soi-même n'est nullement le conseil de renoncer à porter la Vérité et de prétendre qu'il n'est pas l'ennemi. Elle entraîne avec elle une autre obligation : celle de corriger les erreurs de l'ennemi comme nous corrigeons nos erreurs en nous-mêmes et en ceux que nous aimons. Et l'erreur majeure de nos ennemis islamistes est qu'ils sont musulmans et pas chrétiens. Donc tout chrétien qui se soumet franchement ou hypocritement à l'islamiste manque à son devoir d'amour.

♘ : le devoir du pasteur est de protéger ses brebis, même quand ils les envoient parmi les loups. Et la première mesure de protection est de désigner l'ennemi.

Quand on entend certains clercs, on comprend que les églises se vident.

Addendum :

En fait l'idée à la mode semble être que nous devons aimer l'ennemi non pas comme nous-mêmes (ce qui suppose un légitime amour-propre), mais considérablement plus que nous-mêmes. Nous qui sommes si haïssables que la seule issue pour obtenir le pardon, c'est de participer activement et joyeusement à notre soumission et même à notre élimination. Ça va au-delà du syndrome de Stockholm, puisque, avant même d'être pris en otages, nous plantons en quelque sorte des petits drapeaux blancs tout partout.


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