mercredi, décembre 16, 2015

Être ou ne pas être français ? Ce que nous dit la Corse

Être ou ne pas être français ? Ce que nous dit la Corse

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Non, M. Cambadélis, être Français n'est pas adhérer à des valeurs, fussent-elle républicaines, c'est une appartenance qui ne relève pas de la politique. Quelles sont les valeurs des Italiens au juste ? Et des Croates ? Des Serbes et des Portugais ? Il n'y a qu'en France, ou aux États-Unis, que l'on croit que les «valeurs» conditionnent l'existence d'un peuple alors que la langue, la culture ou la familiarité avec une région sont bien plus importantes.

A cet égard, il est insupportable que nous ayons à subir, à tout propos, le chantage inculte de Manuel Valls et consort sur les «valeurs de la république». Qui sont ces gens pour nous dire ce que nous devons être ? Ne savent-t-ils pas que la France a précédé la République et qu'on a été Français avant d'être républicain ? Les plus grands écrivains français, depuis Balzac à Saint Exupéry en passant par Baudelaire et Giono n'étaient pas républicains et leur renommée est néanmoins universelle. Être Français n'est, ni plus ni moins valeureux qu'être Italien ou Américain, il n'y a pas lieu d'en avoir honte, ni d'en tirer une fierté déplacée. Je suis français si mes parents le sont ou si je le suis devenu par la naturalisation ou le droit du sol, voilà pour la réalité effective, mais aussi si je me sens lié à ce pays et impliqué par lui, voilà pour la réalité affective. Ce lien peut être très incarné, l'amour des paysages de France ou plus cérébral, l'amour de la langue. Il peut être religieux ou historique. Mais ce qui compte avant tout est d'être concerné.

Or certains sont moins concernés par la France que consternés par ce qu'elle représente à leurs yeux. Ils sont les citoyens d'un pays qu'ils n'aiment plus et que parfois ils abhorrent. Mais après tout, nul n'est obligé d'être français. Pourquoi ces gens ne renoncent-ils pas à une nationalité qui n'a pas de sens à leurs yeux ? Ce n'est pas que ces gens soient contre la solidarité nationale, au contraire, ils la réclament à cor et à cri, mais ce cri est utilitaire, voir alimentaire.

Et puis il y a ces hexagonaux qui ne prisent plus un pays indigne d'eux. Eux sont universels ou citoyens du monde. La France est trop limitée pour ces esprits dont la pensée rayonne depuis New York à New Delhi. Mais pourquoi s'en soucient-ils autant alors ? Pourquoi ne renoncent-t-ils pas à vouloir que la France, qui ne les mérite décidément pas, leur ressemble ?

Cette morgue étayée depuis tant d'années explique aussi le score massif du FN. Face à cette situation dramatique les Français doivent renouer un lien affectif avec un pays, la France, qui n'est pas un territoire administratif ou une idéalité abstraite. C'est ce lien sensible qu'il faut assumer, sans chauvinisme ni haine de soi et qui n'implique nullement de tourner le dos à L'Europe ou au vaste monde. «Je ne serais pas plus homme pour être moins français» écrit Malraux.

Non la France n'appartient pas à tout le monde, contrairement à ce que prétend Danielle Mitterrand, mais à ceux qui s'en sentent les responsables parce qu'ils en sont les héritiers.
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