dimanche, octobre 04, 2015

La grandeur de la France : TGV ou AOC ?

La grandeur de la France : TGV ou AOC ?

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Le gouvernement vient de valider la construction d'une ligne à grande vitesse Bordeaux-Dax, en dépit de l'avis défavorable de la commission d'enquête publique et de l'opposition farouche de la plupart des acteurs concernés, maires de petites communes, paysans et vignerons. En dépit, également, de toutes les études sur l'impact écologique d'un tel projet. Allez, on connaît l'argument: ces braves gens n'ont aucune vision d'avenir. Il faut «désenclaver» pour favoriser la croissance… D'ailleurs, la décision du ministre des Transports a donné lieu à un bel exemple de dépassement des clivages politiques : Alain Juppé et Alain Rousset se sont tous deux réjouis, le président de la région Aquitaine précisant même que cette décision intervenait «à quelques semaines de la COP 21», comme pour prévenir d'emblée que cette conférence n'avait aucune chance de remettre en cause le primat de l'économie de court terme.

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Là encore, on entend les objections contre ces écologistes forcément catastrophistes et leurs dangereux activistes adeptes des occupations illégales. En l'occurrence, les vignerons, en plus d'être des paysans, sont des chefs d'entreprise très conscients des enjeux économiques. Mais surtout, une enquête publique rassemblant plus de 14.000 contributions a rendu un avis à 90 % défavorable. Déni de démocratie, donc, qui laisse croire au citoyen que seule l'action violente est entendue. Pire, un rapport de la Cour des comptes affirme que la ligne en question ne sera jamais rentable, alors qu'un cabinet suisse indépendant a démontré que la rénovation de l'ancienne ligne offrirait, pour un coût plus de cinq fois inférieur, un temps de trajet allongé de… 3 minutes. Pourquoi un tel acharnement? Outre les intérêts de tous ceux qui participeraient à des travaux pharaoniques, on serait tenté d'y lire le prolongement d'une vision particulièrement ringarde du progrès. On repense à la fable prophétique de René Fallet, La Soupe aux choux, immortalisée par Louis de Funès et Jean Carmet en vieux paysans à qui l'on jette des cacahuètes pendant que le maire vante «l'expansion économique» apportée par son complexe de parc de loisir et centre commercial. En l'occurrence, les vignerons de Sauternes et de Barsac incarnent la France dans toute sa grandeur et son rayonnement, celle qui nous sortira de la crise en nous rappelant ce que nous sommes. Allons, Messieurs les élus, il suffit de respecter la démocratie.
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Natacha Polony joue sur du velours : dès qu'on cite ce connard de Juppé, je vois rouge.




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