vendredi, septembre 19, 2014

Sur le «retour» de Sarkozy

l’inéluctable retour de Sarkozy

Eric Zemmour
Il n’avait pas le choix. Son retour était inéluctable. Un retour à épisodes. Le retour dans le bureau du juge d’instruction. Dans les pages Justice des médias. Un retour encouragé, programmé par le pouvoir socialiste en dépit de ses dénégations hypocrites et vertueuses. Sarkozy avait le choix entre le retour chez le juge et le retour à la tête de l’UMP. On aura donc le juge et l’UMP, mais celui-ci servant de bouclier contre celui-là. Il y a du Berlusconi dans Sarkozy. La menace des juges italiens poussa « Sua Emittenza » à se lancer en politique. A créer Forza Italia sur les ruines de la Démocratie chrétienne. A être à deux reprises président du Conseil.
Sarkozy pourrait être tenté d’imiter son ancien ami transalpin. Fonder un nouveau parti après avoir achevé une UMP minée par les divisions et les scandales. Faire monter une nouvelle génération. Des jeunes et des femmes, de la diversité. Il trouvera sans peine un clone de Najat, une nouvelle Rachida ou Rama. Tout changer pour que rien ne change.
C’est l’épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête de l’ancien Président. Se contenter de dire : je reviens. Je fus et je serai. L’anti-hollandisme sera à Sarkozy ce que l’anti-sarkozysme fut à Hollande. Un marchepied d’une redoutable efficacité ; mais un piège mortel. Un écran de fumée qui fait croire à Sarkozy que son seul retour suffira à tout changer. Mais c’est oublier que Sarkozy à l’Elysée n’a nullement réglé les contradictions fondamentales qui minent notre pays : entre la Ve République et l’Europe ; entre la liberté de mouvement des marchandises et des capitaux et notre modèle social ; entre la maîtrise de l’immigration, de la délinquance, et les rigueurs incapacitantes de l’Etat de droit.
Sarkozy cède au fantasme si français de l’homme providentiel. Mais les deux plus grands hommes providentiels de l’Histoire de France, de Gaulle et Bonaparte, avaient pris la précaution de renverser la table. De Gaulle établit de nouvelles règles du jeu institutionnel. Bonaparte forgea un code civil et une organisation administrative de l’Etat. Ils ne crurent pas, eux, que leur intelligence, leur énergie, leur autorité - pourtant infiniment supérieures à celles de Sarkozy - suffiraient à imposer leurs volontés.
En faisant de son retour le seul changement, en ne croyant qu’aux personnes, les conseillers de Sarkozy le poussent à suivre la doxa dominante, européiste et multiculturaliste. Le refus apparent des idéologies est une idéologie. Faire de l’ancien Président le rempart anti-FN conduira à la chiraquisation de Sarkozy, à sa transformation en un candidat du centre. Pour la plus grande fureur de l’électorat populaire et la plus grande joie de Marine Le Pen.

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