lundi, novembre 18, 2013

L'abus de l'emphase


Manuel Valls a qualifié de «scène de guerre» la fusillade à Libération. Visiblement, M. Valls ne sait pas ce qu'est une guerre. De même, les gens qui ont parlé de rafle à propos de l'expulsion de la célèbre Leonarda ne savent pas ce qu'est une rafle.

Vous trouvez que je pinaille mal t'à propos ? Que, dans ces heures graves, ... et patati et patata ?

C'est, je pense, que vous n'avez pas une bonne notion de ce qu'est un politicien qui s'exprime dans les medias. Ce n'est pas un honnête homme qui donne son avis sous le coup de l'émotion, auquel cas on peut tolérer un peu d'emphase. C'est un professionnel de la manipulation des foules qui cherche à utiliser ou à provoquer une émotion à son profit.

Or, c'est dans les phases de grande tension que le public réfléchit le moins, qu'il est le plus aisément manipulable. C'est pourquoi il faut être le plus méfiant justement dans ces phases là.

Dans notre exemple (vous en trouverez bien d'autres vous-mêmes), l'emploi de l'expression «scène de guerre» par le ministre de l'intérieur suggère qu'il est lui aussi un guerrier, au coeur de l'action. N'oubliez pas que la spécialité de M. Valls n'est ni la police ni le droit mais la communication (dont il était responsable auprès de Lionel Jospin).

C'est un bon exercice, sain et facile, lorsque vous entendez un politicien, de vous poser cette simple question «A-t-il employé le mot juste ?». Répétez cet exercice très régulièrement et les politiciens finiront par vous apparaître pour ce qu'ils sont : des manipulateurs professionnels.

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Homme au fusil : les faits et leur traitement médiatique

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