lundi, mars 21, 2011

Qu'il est pénible de vivre dans une société décadente !

Dimanche, nous avons participé à une promenade parisienne ayant pour thème les maisons closes.Il n'y a plus grand'chose à voir sur place, tout ayant été vendu à l'encan. Mais le guide avait des photos intéressantes.

La conversation a dérivé vers les drames de la vie et la joie de vivre. Nous sommes arrivés à un accord sur le fait que les deux guerres mondiales, spécialement la seconde, avaient saccagé le fin tissu social et culturel qui constituait l'art de vivre à la française.

Je ne puis m'empêcher d'évoquer Françoise Giroud et son constat que les Français étaient plus heureux dans sa jeunesse d'entre-deux-guerres ; elle attribuait le changement ultérieur d'état d'esprit «à la défaite de 1940 et à la télévision», analyse plus fine qu'il n'y paraît.

Les drames étaient plus poignants et les joies plus vives.

Notre manie moderne de tout raisonner est un signe certain de bêtise et elle concourt à la grossièreté et à la vulgarité de nos vies, il y a tant de choses subtiles et légères qui échappent au raisonnement. Comme les relations de séduction ou d'éducation (1).

Bien sûr, les tenants de la table rase et des mœurs modernes nous expliquent à quel point notre époque est formidable, par contraste avec les âges obscurs, de la même manière que les partisans de la république la font briller en nous dressant un noir tableau de la monarchie.

Mais ces arguments qui se croient définitifs sont un étalage d'ignorance crasse et une preuve de profonde inculture.

Ce comportement est magnifiquement illustré par les propagandistes de la féminisation des noms de fonction. Vous savez les horribles «l'auteure», «la maire», «la ministre» et j'en passe. Ces lubies témoignent d'une méconnaissance de notre langue et de sa logique qui fait passer pour un âne aux yeux des connaisseurs tous les poseurs qui défendent ces préciosités ridicules. Chaque fois que je lis ces absurdités dans l'imMonde, je sais qu'il n'est plus un «journal de référence».

Bien sûr, les imbéciles ne souffrent pas du manque qu'ils ignorent. Ils ne peuvent regretter un bonheur dont ils n'ont jamais entendu parler (2). Mais, d'une part, ils sont toujours guettés par la trahison d'un mauvais livre qui traine dans une bibliothèque poussiéreuse ; d'autre part, si leur cervelle ne leur dit rien de leur vide, il arrive que les plus sensibles en ressentent confusément le malaise, d'où l'attirance de quelques uns pour des sociétés exotiques qui ont su garder leurs nuances traditionnelles.

Et nous qui savons, par hasard ou par fidélité, nous sommes en exil dans notre pays et dans notre époque.

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(1) : que penseraient nos modernes raisonneurs de «la libération de la femme» de cette remarque d'Alphonse Boudard, frappée au coin de l'expérience de la vie ? A savoir que la relation entre la fille de joie et le maquereau est bilatérale, qu'une prostituée œuvrant en indépendante finira toujours par se trouver un petit homme à qui donner des sous et à couvrir de cadeaux et qui deviendra, de fait, son souteneur. Remarque de détail, mais qui nous est devenue impensable tellement nos raisonnements sont devenus grossiers.

(2) : il faut dire que l'école les endoctrine à coups d'Hugo et de Zola. Ils connaitraient Feydeau et Offenbach, ils changeraient d'avis.

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