samedi, août 07, 2010

Le braillomètre saturé, un bon signe ?

En ce moment, la gauche nous fait sa grande scène préférée : la vertu outragée, la république en danger, l'hystérie résistante (avec 70 ans de retard, tout de même) et le nazi à l'Elysée. On a droit à toute la panoplie : la xénophobie bien connue des Français (1), le pétainisme atavique des mêmes Français (1), Vichy de retour, les zeureslesplussombres, un rom en prison est le précurseur d'un juif au four, valeurs de la raie publique bafouées, je défaille, retenez moi ou je fais un malheur, tous à la manif de septembre pour sauver la raie publique etc, etc, etc ...

C'est doublement ridicule : les propos tenus sont grotesques (faire respecter l'ordre est nazi ?) et aucune proposition pratique n'est avancée, ce qui est pourtant le cœur du problème.

Certains pensent que cette saturation du braillomètre est un bon signe. Elle prouverait d'une part qu'un point sensible est touché et d'autre part que la gauche est désarmée puisque sa seule réponse est la vocifération. Autrement dit, ça serait le chant du signe de la complaisance gauchiste pour la criminalité, la fin de la culture de l'excuse.

C'est en partie vrai mais bien trop optimiste : combien de fois nous sommes nous déjà dit «Non, là, ce n'est pas possible, la gauche est tellement conne que ça va finir par se voir» ?

Et, à chaque fois, nous fumes déçus : la vulgate gauchiste réinvestissait les journaux comme si rien ne s'était passé.

Pourquoi ? Parce que la gauche a bien compris qu'elle détenait des atouts sur deux points fondamentaux :

> ce qui est important, c'est non pas ce que les gens pensent mais ce qu'ils expriment, car ce qui n'est pas exprimé n'existe pas dans le débat public. Or, la presse inféodée à la gauche fait bien attention qu'aucune opinion anti-gauchiste ne s'exprime intelligemment. Pour critiquer la vulgate gauchiste, on prend toujours l'abruti du coin, on ne vient jamais voir LHC.

> Ceux qui ont le pouvoir, ce sont ceux qui votent. Mieux vaut flatter les préjugés des profs qui ont le temps de s'intéresser à la politique et d'aller voter que de faire plaisir au petit blanc de banlieue qu'on a habilement découragé de la politique et qui n'ira pas voter.

Vous allez comprendre : imaginez la situation inverse. La gauche arrête son hystérie, se rend aux réalités et admet qu'il y a bien un problème de sécurité avec une composante migratoire et que la prévention ne suffit pas. Que va faire le petit blanc qui ne vote plus depuis des années ? Il va se dire que, si la gauche en est là, il y a encore de l'espoir pour lui, que la politique se débloque. Et il va aller voter. Mais pas pour la gauche : par ce retournement de doctrine, elle vient d'admettre qu'elle se foutait du monde depuis des décennies.

Donc il est absolument essentiel pour la gauche de maintenir le petit blanc dans cet état d'aboulie désespérée qui fait qu'il ne va pas voter. C'est comme du temps de l'URSS : laisser la réalité pénétrer par une minuscule faille, dans un moment d'inattention, et c'est tout l'édifice qui s'écroule d'un coup.

La saturation du braillomètre n'est pas seulement un signe de panique, c'est aussi un message vers le petit blanc : «Ne va pas voter FN ou Sarko, ça ne sert à rien, tu vois bien que c'est encore nous, exclusivement, qui avons la parole. Tant que nous serons là, la réalité ne passera pas et ton vote est perdu.»

Et ça marche.

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(1) : bizarrement, quand il s'agit d'insulter, la gauche comprend bien qu'il y a deux sortes de Français : les Français pétainistes xénophobes, ce ne sont évidemment pas les «issus de la diversité», mais les Dupont et les Martin bien blancs qui ont de la glaise de France collée aux bottes.

2 commentaires:

  1. Rien envie de commenter, mais de marquer le coup:

    Texte limpide, sec, schématique (au bon sens du terme : comme un croquis de mécano qui éclaire d'un coup tout le mécanisme [de l'usine à gaz]), le Boizard froid et assassin, celui qu'on aime quoi^^

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  2. Il est certain que la Gauche éternelle goûte une certaine volupté à débiter des mensonges si manifestes (un peu comme au jeu de cartes "le menteur", quand on parvient à faire passer un gros paquet de cartes); elle ressent aussi un certain plaisir à se placer au-dessus des lois de la logique, de la vérité historique et du bon goût, et n'en recevoir nulle sanction. C'est son petit privilège à elle.

    Mais il n'empêche : ses brailleries effarouchées servent NS en accréditant l'idée qu'il serait, au moins en comparaison avec elle, un homme à poigne. Et cela, la Gauche le sait parfaitement. Quand elle pourrait à bon droit hurler (même du point de vue de sa doxa à elle) et mettre NS en difficultés, comme par exemple lors du passage en force du traité européen "ultralibéral", elle sait parfaitement se taire ou parler d'autre chose.

    Jérome.

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