samedi, février 28, 2009

Le bonheur en J3

Je suis actuellement en place avant d'un J3 en tours de piste à St Cyr. Nous survolons le bout du grand canal. Et j'écoute le Glenn Miller Orchestra avec mon iPhone pour me mettre dans l'ambiance de l'avion.

Le bonheur !

*****

Bon, vous avez compris que la première partie de ce message a été rédigée dans le J3 depuis mon iPhone. Voici en prime les photos (la lentille de l'iphone déforme) et Glenn Miller :





Crise : boom or bust ?

Nous vivons dans un monde très incertain, chacun de vous, lecteurs, et moi aussi, pouvons être morts dans cinq minutes mais, en temps habituels, nous sommes assez forts pour nous le cacher.

Cependant, il arrive que nous soyons impuissants à nous dissimuler cette vérité fondamentale. On appelle généralement cet épisode de lucidité douloureuse une crise.

L'un des traits les plus cruellement comiques de celle que nous vivons tient à tous ces pontes qui viennent pérorer dans les medias avec la suffisance des imbéciles, pour nous expliquer de quoi demain sera fait.

Economiste n'est pas seulement une profession inutile, c'est une profession nuisible car les économistes créent de fausses certitudes.

Pour ma part, je suis convaincu que les mesures des gouvernements européens et américains vont transformer la récession en dépression. Mais je n'y attache pas plus d'importance que cela : je ne me fais guère d'illusions sur mes capacités prédictives.

Il se peut tout aussi bien que les sociétés se révèlent plus dynamiques, notamment aux USA, que l'on suppose et que les prochains mois voient s'installer une reprise qui permettra d'éponger, au moins partiellement, dettes publiques et dettes privées.

Décidément, le monde est une branloire pérenne !

Je tiens à ce rappel : certaines choses qui vont sans dire vont encore mieux en les disant.

jeudi, février 26, 2009

Deuxième brève BP + CA

J'ai peut-être été un peu allusif précédemment. Je vais être plus explicite. La fusion BP + CA est totalement idiote :

> un des facteurs aggravants de la crise est que les banques sont tellement grosses que, de «too big to fail», elles sont devenus «too big to be saved».

La sagesse d'après-crise commande donc de ne pas augmenter la taille des banques. Cette fusion confirme ce que je pense, à savoir que nos politiciens sont restés figés dans des schémas intellectuels d'avant-crise.

> le mariage d'un aveugle et d'un paralytique n'a jamais fait une équipe olympique (sauf aux jeux handisports).

> les fusions «entre égaux» sont encore plus suceptibles que d'autres d'échouer (environ 70 % d'échecs). C'est d'autant plus vrai dans le cas qui nous occupe que la première ébauche de rapprochement, la banque commune Natixis, est un naufrage retentissant et couteux (chaque mois, Natixis annonce quelques milliards supplémentaires de pertes).

> le pouvoir politique pourrit tout ce qu'il touche en économie, surtout les banques (le désastre du Crédit Lyonnais est l'exemple le plus célèbre, mais il est loin d'être le seul).

> parachuté et énarque, ça fait deux excellentes raisons pour François Pérol de se montrer très mauvais PDG (L'IFRAP a tenu un compte des «succès» des énarques parachutés, c'est édifiants).

> je comprends que Philippe Dupont, actuel PDG de Natixis, ferait partie de la nouvelle direction, ce qui serait une application du principe fameux «on ne change pas une équipe qui perd». Je rappelle le principe einsteinien contraire «il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre.» A vous de voir lequel de ces principes vous semble le plus intelligent.

> last but not least, on aurait essayé de se mettre le personnel des deux banques à dos, on ne s'y serait pas pris d'autre manière dans la décision et son annonce.

En résumé, on a bien fait tout ce qu'il fallait pour que cette fusion échoue. Maintenant, il se peut que, par le plus grand des hasards, elle réussisse.

Nota : de plus, la fusion des logos Caisses d'Epargne et Banques Populaires donnerait quelque chose de vraiment horrible. Je sais bien que ces critères esthétiques sont totalement hors de portée des éminences qui nous gouvernent mais je ne doute pas que vous, fidèles lecteurs, avez suffisamment de goût et d'intelligence pour ne pas négliger ces choses.

Procès Colonna : de la fiabilité des témoins

Au procès Colonna, les témoins se contredisent entre eux et par rapport à leurs précédentes déclarations. Ca ne me surprend pas.

Ma surprise est inverse : que l'on attache tant d'importance aux témoignages si longtemps après les faits.

Les phénomènes liés à la mémoire sont très étudiés. Or, ces études me semblent négligées par la police et par la justice. D'ailleurs, il n'est pas besoin d'études très modernes : à partir de considérations sur les aveux extorqués sous la torture, Montaigne généralisait sur la fragilité du témoignage humain.

Les témoignages précoces sont déjà peu fiables, les témoignages tardifs devraient être exclus.

On sait très bien que le temps qui passe peut engendrer de fantastiques divergences. Nous sommes bons pour retenir des faits généraux, le 12 avril 1963, Monique a rencontré Robert, pas des faits précis, la couleur de la nappe, le nombre de verres sur la table.

Quelqu'un qui a vu une voiture bleue peut déclarer en toute bonne foi des années plus
tard que c'était un camion rouge.

Alors, comment un témoin peut-il affirmer dix ans après les faits que l'homme entrevu dans la pénombre était ou n'était pas Ivan Colonna ?

Surtout, dans un cas aussi important, à force de repasser les images dans sa tête, un témoin peut s'auto-persuader, éliminer le doute, devenir avec le temps plus convaincu qu'il n'était initialement.

Ca n'a pas de sens.

Je sais bien que l'on s'accroche aux témoignages faute de mieux. J'espère que les jurés auront la sagesse d'être très critiques vis-à-vis de ces témoignages tardifs.

Et, si le doute doit bénéficier à l'accusé, qu'il en soit ainsi ; et pourtant, Dieu sait si je déteste la cause, les méthodes, les valeurs, que représentent Ivan Colonna, qui est un prototype de fermeture intellectuelle, d'autisme culturel.

Brève : Pérol, Sarkozy, les fusions bancaires orchestrées par l'Etat

Je ne vois pas là de quoi fouetter un chat, rien de nouveau sous le soleil : c'est l'Etat français tel qu'il dysfonctionne de manière habituelle.

Par caprice, par le fait du prince, l'Etat place ses hommes, manoeuvre et s'impose dans des domaines (la banque par exemple) qui ne le regardent en rien tandis qu'il néglige totalement ses véritables responsabilités (le déficit public par exemple).

Pour plus d'opinion : cf Guy Sorman.

Je suis d'accord avec lui : l'Etat français est le plus mal géré d'Europe, il est géré par des énarques. Il y a sans doute un rapport entre la mauvaise gestion et les mauvais gestionnaires (pourquoi les énarques sont mauvais gestionnaires s'explique, mais c'est une autre histoire).

La folie injectrice (26) : «faire appel au à l'aide de l'Etat,» qu'ils disaient

Ces derniers temps, j'entends beaucoup cette expression «faire appel à l'aide de l'Etat», à propos de la bagnole, de la banque, des agriculteurs, des chômeurs, etc ...

Rappelons que, comme le disait très justement Bastiat, l'Etat est une fiction.

«faire appel à l'aide de l'Etat» signifie, sous des dehors anodins, une action très violente : «demander à l'Etat qu'il utilise sa force pour prendre aux contribuables sans leur approbation -c'est-à-dire les voler- de l'argent à mon profit.»

Ceux qui «font appel à l'aide de l'Etat» posent donc ouvertement leur candidature comme receleurs du vol étatique.

Ce n'est pas joli-joli. Mais quand c'est dit par un technocrate en costume et cravate, comme Carlos Goshn, ça passe beaucoup mieux.

mardi, février 24, 2009

Quelles sont les qualités pour faire un bon PDG ?

Je continue l'exploitation de Black Swan.

Le monde est beaucoup plus chaotique et désordonné que les hommes, à part quelques exceptions comme Montaigne, Poincaré et moi, l'imaginent habituellement. Les gens de pouvoir ont donc beaucoup moins d'influence sur le cours des choses qu'ils le croient et s'en glorifient. Le hasard joue un rôle majeur.

Un homme de pouvoir véritablement intelligent (ils sont rares : un gouvernant se distingue surtout par son ego surdimensionné qui lui permet de prendre des décisions qui effrayeraient de plus modestes, pas par son intelligence) comme Churchill n'hésitait pas à le reconnaître.

NNT cite l'exemple de hauts dirigeants d'une société qui l'employait. Ils se sont réunis pour élaborer un génial plan à cinq ans. Six mois plus tard, cette société faisait faillite et ils étaient tous mis à la porte.

Etant entendu qu'un PDG a beaucoup moins d'influence que lui et ses courtisans le croient, quelles sont les qualités qui, d'après NNT, font un bon PDG ?

> la capacité à supporter le décalage horaire sans montrer de signe de fatigue.

> l'aptitude à sembler constamment intéressé tout au long de réunions profondément ennuyeuses qui s'étirent pendant des heures.

> S'exprimer avec une conviction qui fait paraître géniaux des propos d'une banalité qu'on ne pardonnerait pas dans une rédaction de lycéen.

C'est certes très irrévérencieux, mais, à bien y réfléchir, ce n'est pas si faux.

Je me suis souvent posé la question de Kagemusha, l'ombre du guerrier : si, comme dans ce film de Kurosawa, les courtisans s'entendaient pour remplacer le maître par un sosie, qui s'en apercevrait ?

Rares sont les sociétés, grandes ou moyennes, à avoir un patron qui a un style intellectuel difficilement imitable, une véritable originalité, à faire des choses qu'eux seuls peuvent faire, probablement Steve Jobs chez Apple, mais regardez Bill Gates par exemple : ces interviews sont d'une grande banalité. Après avoir lu dix interviews de Bill Gates, vous êtes capable d'en rédiger une onzième qui passera comme une lettre à la poste auprès de n'importe quel journal. Et ainsi du reste, me semble-t-il.

Le parme convient à Laviolette (P. Magnan)

Je ne vous conseille pas de lire cet excellent roman policier si vous n'avez pas lu auparavant les aventures précédentes de Laviolette, car il vient comme un point final, avec moultes réminiscences.

Par contre, je vous conseille ardemment, comme initiation aux policiers magnanesques, Le commissaire dans la truffière. En sus d'un bon roman, vous aurez la recette de l'omelette aux truffes.

La folie injectrice (26) : un désastre annoncé

Les journaux américains voient fleurir des titres du genre «Le Trésor peut-il faire face ?».

En France, où l'hystérie étatiste se porte encore bien, on est d'une discrétion de rosière sur le sujet, mais on sent les relancistes un peu moins à l'aise.

Deux manières de voir ce sujet :

> quand les journalistes s'intéressent à un problème, c'est en général un faux problème. C'est plutôt rassurant.

> il arrive qu'un vrai problème soit si flagrant que même les journalistes s'en aperçoivent. C'est plutôt inquiétant.

Si la deuxième hypothèse s'avérait juste, j'aurais l'amère satisfaction, avec d'autres, de vous avoir annoncé depuis déjà que la logique relanciste était folle (mon premier message «La folie injectrice» date du 26 novembre 2008, bien tard).

lundi, février 23, 2009

La folie injectrice (25 bis) : regarde les banques tomber

Certains de mes commentateurs divaguent à pleins tubes : à les en croire, nationaliser les banques des particuliers serait une solution envisageable pour rendre les banquiers plus raisonnables. Disons le de suite au risque de froisser des susceptibilités, même très haut placées, celle de Barack Obama par exemple, elle est stupide.

Et puis j'aimerais bien savoir en quoi les gestionnaires fonctionnaires et socialistes du Crédit Lyonnais se sont montrés raisonnables !

Comme pour les autres aspects de cette crise, il existe pourtant une solution simple, libérale, morale et qui ne coûte pas un sou à l'Etat : voter une loi obligeant les banques à être des sociétés en commandite.

Les commandités sont responsables sur leurs biens propres sans limite, indéfiniment et solidairement, des dettes de l'entreprise.

On comprendra que ce statut incite à la prudence et on ne s'étonnera donc pas de trouver en commandite quelques unes des sociétés les mieux gérées, comme Michelin ou Lagardère.

La commandite a été inventée par les armateurs italiens du Moyen-Age qui expédiait des cargaisons lointaines sous la responsabilité d'un seul homme. Cette antique et exotique origine ajoute à son charme.

Cependant, cette solution, comme les autres solutions, simples, libérales, morales et qui ne coûtent pas un sou à l'Etat, sera soigneusement évitée car elle ne flatte pas l'ego des politiciens et leur appétit d'interventionnisme et de solutions spectaculaires.

Du sommet social à l'hystérie antiéconomique

JL Caccomo se fait rare, mais c'est toujours aussi percutant et, hélas, sombrement réaliste :

Du sommet social à l'hystérie antiéconomique

La folie injectrice (25) : regarde les banques tomber

J'ai longtemps fluctué sur cette question du sauvetage des banques.

En bon libéral, je trouvais normal que l'Etat n'intervienne pas et laisse les banques faire faillite.

Puis, matraqué par les medias, je me suis dit que des faillites en chaine auraient été une catastrophe.

Aujourd'hui, je m'aperçois que nous risquons de tomber de Charybde en Sylla, soit des faillites des banques, soit des faillites des Etats (1) s'épuisant à sauver les secteurs en péril, dont les banques.

Suite à la fréquentation d'Econ Log et de La déflation arrive, je me suis fait à l'idée que :

1) Les Etats n'ont pas les moyens financiers de sauver toutes les banques et les sauvetages en cours, en récompensant les mauvais gestionnaires et en empêchant l'émergence de nouveaux acteurs plus performants, prolongent la crise et la transforment en dépression.

2) Les Etats ont des possibilités juridiques pour non pas empêcher la faillite des banques mais pour l'ordonner de manière à diminuer le risque d'une panique.

Bien sûr, le risque d'un «bank run» n'est pas nul et les conséquences en sont violentes. Mais ce n'est rien par rapport à la faillite d'un Etat.

En France, où l'expropriation (des autres) ne fait pas peur, on se dit que la banqueroute lessivera les créanciers de l'Etat puis on repartira comme en 40 avec un Etat désendetté de nouveau prêt à distribuer à pleines mains aux assistés et aux parasites habituels.

Mais ce n'est pas du tout cela qui va se passer : la banqueroute de l'Etat, ce sont les épargnants qui sont ruinés, c'est l'économie qui s'effondre. L'Etat, discrédité, ne trouve plus de créanciers, les fonctionnaires ne sont plus payés, les assistés et les parasites non plus (ils occuperont leur oisiveté à faire des émeutes pour réclamer l'argent qui n'existe plus).

Je n'oublie pas, et vous non plus, n'oubliez pas, que la révolution française et les millions de morts, en comptant les guerres napoléoniennes, qui en ont résulté a commencé par une banqueroute.

Alors, entre une faillite des banques et celle de l'Etat, je préfère la première (2).

Mais, alors, pourquoi n'est-ce pas la solution qui a a été choisie ?

Essentiellement, à mon avis, parce que les politiciens sont restés dans un état mental d'avant la crise : un Etat ne peut pas faire faillite, on ouvre les vannes du déficit, la popularité des gouvernants augmente (c'est au fond le point essentiel de la démarche), le fluide bienfaisant de la dépense publique se répand dans l'économie et celle-ci refleurit.

De plus, ils sont victimes de leur incompétence et de leur démagogie : ils s'attachent à ce qui se voit tout de suite au détriment de ce qui ne se voit pas encore et qui provoquera demain (qui est un autre jour) la catastrophe.

Mais il est vrai qu'ils ont l'excuse d'être soumis à une forte pression : même A. Merkel, dont le premier mouvement, refuser d'intervenir, était le bon, a fait volte-face.

(1) : vous remarquerez que les crétins qui vous prenaient pour un con il y a encore peu quand vous évoquiez cette possibilité sont nettement moins sonores.

«Beaucoup d'Etats, dont la France, vont faire faillite !»


(2) : je précise que je suis client d'une de ces banques qui peuvent faire faillite. Je ne dis donc pas cela à la légère.

dimanche, février 22, 2009

Comment la Californie est devenue la France

Pas d'emballement, ce n'est pas une ode à la joie de vivre à la française (d'ailleurs très surfaite : je trouve les Français tristes et grincheux), le sous-titre est :

Incapable de s'offrir un Etat-providence et incapable de le réformer.

How california became France

samedi, février 21, 2009

Trop d'information tue l'information

Je continue l'exploitation du livre de Nicholas Nassim Taleb (cliquez sur Black Swan en bas du message pour avoir tous les articles de cette catégorie).

Il raconte une expérience éclairante : on présente à deux groupes une photo floue, impossible à reconnaitre.

Puis, on «défloute» cette photo par étapes, pour le premier groupe, en cinq étapes, pour le deuxième en dix.

C'est le premier groupe qui devine le plus tôt quel est le sujet de la photo. Le deuxième groupe a besoin de plus de netteté.

Pourquoi ? Parce que le deuxième groupe a plus de temps pour formuler des idées et des hypothèses. Or, on traite ses idées comme des propriétés, on y tient, on n'y renonce pas facilement (voir Montaigne dans De l'art de conférer). Les idées s'empilent, sans se remplacer, ce qui fait que plus on a formulé d'hypothèses, plus on a de chances de se tromper, de s'engager sur de mauvaises voie.

De cela, il résulte que trop d'information tue l'information : pour chaque micro-information, on élabore inconsciemment une interprétation, qui, par accumulation, brouille l'image de la situation, la «big picture».

Prenons un exemple historique : les politiciens français ont trop longtemps cru qu'Hitler n'était pas si dangereux parce qu'il serait renversé par un coup d'Etat. Ils avaient une foule de micro-informations en ce sens, au point d'en perdre de vue le tableau global : on ne se débarrasse pas facilement d'un homme qui est parvenu au pouvoir à la façon d'Hitler.

Nous avons beau jeu de nous moquer, nous qui connaissons la fin de l'histoire. Mais, n'avions nous pas tous sous les yeux les éléments de la crise économique actuelle ? Combien d'entre nous l'ont anticipée ?

Je me souviens bien de mon opinion sur la question, et si ma mémoire flanchait, ce blog ferait foi : je trouvais les histoires de subprime et de «leveraging» excessives et dangereuses, mais j'avais des raisons de penser que tout cela s'arrangerait. Je me suis montré aussi couillon que la moyenne, par excès d'informations.

J'en ai toutefois tiré des leçons. NNT conseille de lire régulièrement un hebdomadaire plutôt qu'un quotidien ; j'approuve ce conseil, j'ai considérablement réduit ma consommation d'informations.

Je ne regarde pas la télévision, j'écoute beaucoup moins BFM, je ne lis plus qu'à sauts et à gambades Les Echos et le Herald Tribune, Le Point fait l'objet d'un survol, et j'ai quelques sites internet de référence.

Or, non seulement, je ne me sens pas sous-informé par rapport à mes collègues, mais je constate que j'ai les idées plus claires.

C'est ainsi qu'une conjecture qui me semble évidente est noyée dans la masse d'informations : la sortie de crise en Europe va être entravée par la démographie.

Nous sommes tous guadeloupéens

Je vis dans une île, l'île de France, où la vie est plus chère qu'ailleurs. Il m'arrive d'être noir, complètement, on ne peut pas s'y tromper et j'ai été par le passé victime des colonies.

Bref, je ne vois vraiment pas comment le gouvernement peut me refuser une augmentation de 200 €.

vendredi, février 20, 2009

Pourquoi les journalistes (et les universitaires) sont ils nuls ?

A quelques exceptions, la presse ne brille pas par ses qualités intellectuelles.

On peut accuser le gauchisme (1), qui abrutit le débat, ceux qui y participent et ceux qui le rapportent : sur des sujets aussi importants que l'immigration, la culture et l'assistanat, il est impossible de tenir publiquement un discours autre que celui de la gauche sans se faire traiter de fasciste (prière de ne pas rigoler : le fascisme, c'est sérieux, l'ennemi est à nos portes et tout et tout ...).

C'est bien connu, quand on pense tous la même chose, c'est qu'on ne pense plus.

Mais Nicholas Nassim Taleb (NNT), dans le Cygne Noir, pointe une autre cause, plus originale.

Le monde est chaotique. Il arrive des événements surprenants et peu explicables, qui ne répondent pas de gentilles logiques bien linéaires : les attentats du 11 septembre, le krach boursier, etc ...

Or, les journalistes sont, par nécessité professionnelle, parce que c'est ce qui fait plaisir à leurs lecteurs, des raconteurs d'histoires. Il leur faut de belles causes, bien nettes, qui s'enchainent avec de beaux effets, entourés de circonstances précises.

Pour un journaliste, déclarer «Il arrive ça. Hé bien ma foi, je n'ai absolument aucune idée de la cause, mais alors là, que dalle !» est quasiment une faute professionnelle (alors que ça serait une preuve de modestie et d'honnêteté, mais «journaliste modeste» est un oxymore).

C'est particulièrement flagrant avec la bourse : si vous écoutez une radio d'information, vous l'avez constaté.

La bourse monte à 11 h, on vous explique que c'est du à une bonne statistique. La même bourse descend à 13 h, le journaliste (celui de tout à l'heure) vous explique sans se démonter que la bonne statistique fait craindre une remontée des taux directeurs par la banque centrale.

Alors que la seule vraie explication, c'est qu'il n'y a pas d'explication ou, ce qui revient au même, qu'il y a autant d'explications que d'intervenants sur le marché.

En résumé, par sa position de raconteur d'histoire, le journaliste est condamné à être toujours en porte-à-faux vis-à-vis du monde tel qu'il est, chaotique, désordonné, sans guère de rime ni raison.

C'est pourquoi le bavardage journalistique finit toujours par sonner creux aux oreilles habituées au bruit du monde.

NNT fait le même genre de critique aux universitaires : ils sont bornés, enfermés dans leur petit savoir étroit, et en plus, souvent arrogants et précieux.

Mais le monde déborde, bouscule les jolis cadres qui délimitent les disciplines universitaires et qui commandent la distribution des places et des crédits.

NNT oppose les érudits, que leurs connaissances diversifiées rendent capables de comprendre la précarité et l'instabilité du monde («le monde est une branloire pérenne») aux universitaires, prisonniers de leur savoir «gaussien».

Pour illustrer son propos, il soumet une devinette : je fais l'hypothèse que j'ai une pièce équilibrée. Je la lance 99 fois, elle fait pile 99 fois, quelle est la probabilité qu'elle fasse pile la centième fois ?

Je vous mets une photo (ayant un rapport lointain avec le sujet) pour retarder la réponse, histoire que vous jouiez vous aussi.



Un universitaire, fier de son savoir, répondra 50 %.

Un entrepreneur originaire de Brooklyn (pour NNT, le sommet de l'intelligence pratique) pensera «out of the box» et vous répondra que votre hypothèse comme quoi la pièce est équilibrée est fausse.

Bien évidemment, le vrai monde, c'est celui du brooklynien, celui de l'universitaire n'existe pas, il n'a aucun intérêt.

Je me sens à l'aise avec NNT : sa vision du monde, et certaines détestations qui l'accompagnent (2), rejoint la mienne.

Mais il est vrai que ce Libanais, vivant aux Etats-Unis, éduqué en un temps où l'on n'avait pas encore honte d'enseigner la culture «bourgeoise» dans un lycée français, classe Montaigne en tête de ses auteurs préférés !

(1) : sondage de Marianne à l'occasion des dernières élections présidentielles. Les rédactions interrogées votaient à gauche, y compris celles des quotidiens réputés de droite, à plus de 60 %.

(2) : ils n'aiment pas beaucoup les PDGs, les politiciens et les banquiers, gens qui ont l'arrogance de croire et de vouloir persuader autrui qu'ils sont capables de maitriser l'incertitude du monde.

La Guadeloupe, prisonnière du mal français

La Guadeloupe, prisonnière du mal français

jeudi, février 19, 2009

Je découvre l'iPhone

Peu adepte des nouvelles technologies, jamais au courant de rien, ne connaissant pas le dernier gadget à la mode, ne tombant pas en pâmoison au nom de Steve Jobs, j'ai adopté l'iPhone par esprit de l'escalier : ayant par hasard essayé un Mac, j'ai trouvé ça plus futé qu'un PC, mais comme je venais de changer mon PC, je me suis rabattu sur le premier produit Apple susceptible de m'intéresser, l'iPhone.

J'ai plusieurs reproches à lui faire :

> une autonomie limitée

> pas de logiciel GPS (il se contente d'afficher votre trajet sur des cartes Google Maps)

> quelques blocages

> les accessoires Apple sont couteux

Mais les points positifs l'emportent largement :

> une excellente ergonomie, pleine de détails pratiques

> une foule d'applications gratuites et payantes (en plus, l'économie de l'iPhone me plaît : iPhone Entrep Horde)

Signe qui ne trompe pas : je prends soin de mon iPhone (par exemple, j'essaie d'éviter qu'il passe dans la machine à laver, comme mes précédents téléphones).

La folie injectrice (24 bis) : la malédiction des gouvernements sans principes, bis repetita ...

Il y a quelques jours, le gouvernement nous expliquait que les problèmes de la Guadeloupe étaient profonds (la paresse, constamment entretenue par l'assistanat, ne se guérit pas en un jour) et qu'il ne s'agissait pas d'acheter une paix précaire par des gratifications ponctuelles.

Voilà qu'aujourd'hui, le gouvernement annonce qu'il fait précisément ce qu'il disait vouloir éviter : il achète une paix précaire (et momentanée) par des gratifications ponctuelles. Il prépare ainsi la prochaine flambée de violence, puisqu'il avalise le principe des revendications.

Bien sûr, il y a de lâcheté dans cette décision, mais pas seulement me semble-t-il.

Il y a aussi l'idée que tout se vaut, qu'on peut refuser de payer le lundi et accepter le mardi, que ce n'est pas grave, que les idées, les mots et même les décisions ne sont que des ornements pour habiller un exercice du pouvoir au fil de l'eau, comme un chien crevé.

Cela m'irait très bien, moi qui ne révère pas le pouvoir et les hommes qui l'exercent, s'ils ne sévissaient pas dans tant de domaines.

mardi, février 17, 2009

La folie injectrice (24) : la malédiction des gouvernements sans principes

Avant les élections, je vous écrivais que Nicolas Sarkozy était un homme sans principes : libéral le lundi, étatiste le mardi, centriste le mercredi, anarcho-capitaliste le jeudi, conservateur le vendredi, carliste le week-end.

Cela m'inquiétait fort. Ce girouettisme avait beau être baptisé pragmatisme par les charlatans en communication, je n'étais guère convaincu.

Depuis, mes pires craintes se sont confirmées : non seulement, cet homme est une girouette à courte vue, mais nous avons sur les bras une crise comme il en arrive tous les cinquante ans.

Pour ajouter le désespoir à l'inquiétude, il n'est pas le seul dans ce cas à accumuler les c...ries faute de ligne directrice (Obama, un second Mitterrand ?).

Quelques exemples :

> le sauvetage des banques est en réalité un sauvetage des banquiers, ce qui est bien entendu très différent.

La crise ne finira pas tant que les dettes pourries ne seront pas liquidées. Les aides gouvernementales, en rendant ces dettes pourries supportables, prolongent la crise. Il existait d'autres solutions,qui, de plus, ne coutaient rien aux Etats. Ma préférée est la transformation, par la force de la loi, des créances des banques en capital : ça lessive les créanciers et les actionnaires imprudents, ça ne coûte pas un sou aux Etats, et ça sauve les banques sans sauver les banquiers.

> Entre 75 % et 85 % du plan Obama (qui représente un an de charges sociales !) seront injectés dans l'économie après 2010, donc bien trop tard pour avoir l'effet de relance invoqué par ceux qui y croient ; approximativement la même proportion correspond à du «pork barrel», c'est-à-dire à des su-sucres pour des lobbys, n'ayant aucun rapport avec une relance économique.

> tous les plans de relance présentent le risque d'un Cygne Noir négatif, la banqueroute des Etats, contre un Cygne Noir positif, une reprise plus rapide. Très clairement, le premier est beaucoup plus dangereux que le second n'est bénéfique, cette analyse est au coeur du raisonnement d'A. Kling pour refuser les plans de relance acttuels. Or, on dirait que nos gouvernants l'ignorent complètement.

Bref, rien de très rassurant.

La folie injectrice (23) : la relance de l'alcoolisme ?

D'une manière discrète mais néanmoins très forte, les plans de «relance» suppose que les politiciens sont des surhommes.

Quelques centaines d'entre eux armés de quelques dizaines de statistiques seraient plus à même de prendre les bonnes décisions globales que des centaines de millions d'hommes prenant des décisions locales à l'aide de milliards d'informations.

Pourquoi pas ? Mais encore faudrait-il que nous soyions certains que ce sont des surhommes.

C'est dans ce contexte que la récente conférence de presse du ministre japonais de l'économie prend tout son relief : il était ivre. Je ne l'en blâme pas, le penchant pour la dive bouteille ne rend pas forcément antipathique, mais il devient difficile de croire qu'il est de l'essence supérieure des surhommes.

Et si le ministre de l'économie de la deuxième puissance économique mondiale n'est pas un surhomme, quel politicien le sera ?

lundi, février 16, 2009

La politesse

Je n'ai pas été surpris que mon message sur le vouvoiement suscite tant de commentaires.

Nous vivons dans un monde fou, où les principes les plus élémentaires, surtout lorsqu'ils ont trait à la vie en société, sont oubliés.

Comme le mariage, la politesse fait partie de ces usages qui ont percolé et filtré à travers les siècles.

J'ai lu dans les commentaires un certain nombre de contre-sens. Je voudrais rappeler quelques notions concernant la politesse :

> de nombreux usages de politesse sont explicables, mais on ne perd rien, sauf la connaissance, à les considérer comme arbitraires : il n'ait pas besoin de comprendre les règles de la politesse pour les appliquer.

> la politesse n'est pas facultative : c'est son caractère obligatoire, le fait qu'on l'adresse également à tous, quels que soient par ailleurs l'estime ou le mépris qu'on a pour son destinataire, qui en fait la prix. Une politesse sélective, c'est de l'impolitesse (1).

Bien sûr, comme toute règle, celle-ci souffre des exceptions. Mais il y a une différence entre faire des exceptions à la règle et ne pas avoir de règles.

> la politesse est un instrument pour canaliser la violence naturelle entre les hommes. C'est pourquoi elle est d'autant plus importante vis-à-vis des gens que l'on n'aime pas.

> on peut considérer la politesse comme hypocrite, mais mieux vaut l'hypocrisie que la violence. De plus, si elle est hypocrite, elle est aussi riche de ressources: combien il est plus jouissif de faire sentir ce qu'on pense de lui à quelqu'un en restant dans la politesse, que de le traiter platement de con.

> enfin, bien qu'étant sensible aux charmes d'internet, je ne crois pas que la fréquentation régulière d'un blog suffise à établir cette familiarité qui permet d'abréger les politesses.

(1) : dans Les racines du ciel, Romain Gary raconte qu'un missionnaire avait l'habitude de saluer d'un sonore «Bonjour, cocu !». Un jour, ce missionnaire rejoint un groupe de causeurs dans lequel se trouve le secrétaire de mairie, connu pour ses cornes prodigieuses, le missionnaire salue un à un les présents :

_ Bonjour, cocu !
_ Bonjour, cocu !
_ Bonjour, cocu !
_ Bonjour, M. le secrétaire de mairie.
_ Bonjour, cocu !
_ Bonjour, cocu !

LOL

Encore un film sur les familles décomposées. Je n'aimerais ni être un tel père ni avoir de tels enfants, mais tant que ça reste un film, c'est plutôt sympathique.

Anecdote 1 : la critique du Monde est sévère. Le reproche ? Avoir tourné ce film dans le 16ème sans décrire ses habitants comme des monstres. Décidément, les critiques du Monde ont bien du mal à aimer autre chose que le cinéma misérabiliste, subventionné à la française ou gauchiste à l'américaine.

Anecdote 2 : dans un entretien pour le Figaro, Sophie Marceau s'est défendue d'être une mère comme celle du film. La confusion à la mode des âges et des rôles, ça n'est pas son truc !

samedi, février 14, 2009

Nouvelle règle de bienséance

Bon, ça y est je tourne au facho (certains diront qu'ils s'en doutaient). J'impose désormais une règle stupéfiante (abracadabrantesque ?) : tout commentaire d'un inconnu usant du tutoiement sera détruit quel que soit son contenu.

The Black Swan (Nassim Nicholas Taleb)

Enfin, j'ai lu ce livre tant référencé ces derniers mois.

En préambule, je signale que le père scientifique des notions de cet ouvrage est Benoit Mandelbrot, un Français exilé aux USA, puis naturalisé, pour cause de conservatisme excessif de son pays d'origine. Certes, Mandelbrot est quelquefois irritant de vanité (il a une tendance à parler de lui à la troisième personne) mais il a oublié d'être con.




Un Cygne Noir (CN) est un événement :

> inattendu, à très faible probabilité

> à très forte conséquence

> facilement explicable après coup

Réciproquement, la non-survenue d'un événement très probable est un CN.

Benoit Mandelbrot utilise un terme plus scientifique pour les CNs : les queues de distribution (de probabilité) épaisses.

La vie est remplie de CNs. Par exemple, la rencontre de votre digne épouse est un CN. Il était très peu probable que vous rencontriez cette femme là et pas une autre, cela change votre vie, les circonstances de votre rencontre sont facilement explicables ex-post.

La notion d'inattendu est fondamentale dans l'existence des CNs : des CNs auxquels on s'attend ne sont plus des CNs. Si on s'était attendu aux attentats du 11 septembre, on aurait pris les mesures pour les éviter et ils ne seraient pas survenus.

Il existe des domaines particulièrement friands de CNs, par exemple l'histoire (Jeanne d'Arc, la guerre de 14, les attentats du 11 septembre, ...), l'économie, ...

Pour Taleb, cela explique la faillite prédictive des «experts». Les experts se distinguent :

> par la capacité à raconter les événements après leur survenue d'une manière attrayante

> par le port d'une cravate

On constate quotidiennement cette vérité à propos des économistes.

Taleb remarque également que l'économie est remplie de CNs : un produit innovant est nécessairement un CN, il est inattendu sinon quelqu'un y aurait pensé avant, il change le marché sinon il disparaitrait.

Taleb en vient à considérer que la supériorité de l'économie de marché est justement d'avoir des mécanismes qui permettent l'apparition de nombreux CNs (ce n'est pas en URSS qu'on aurait inventé l'iPod). La plupart de ces CNs sont positifs, il arrive que quelques uns, comme la crise actuelle, soient négatifs.

Les CNs sont favorisés par la vie moderne :

> relations complexes

> événements récursifs, s'amplifiant eux-mêmes (quelqu'un achète un livre, tout le monde l'achète), les effets boule de neige.

Que faire des CNs ?

Non pas tenter de les prédire puisqu'ils sont par définition imprévisibles, mais maximiser son exposition aux CNs positifs et minimiser son exposition aux CNs négatifs.

L'actualité nous en donne deux exemples frappants :

> il est totalement imprévisible que les deux réacteurs d'un A320 ingèrent des oies et s'arrêtent. Mais le fait d'avoir aux commandes un excellent pilote diminue l'exposition à ce CN, au point de créer un second CN, conséquence du premier : la non-survenue d'un événement extrêmement probable, à savoir la mort de tous les passagers.

> un krach simultané de toutes les économies était hautement improbable, mais celui qui a gardé quelques pourcents de son patrimoine en or, cette «relique barbare», n'a pas tout perdu.

Puisqu'il y a eu débat sur les OGMs, on peut tenter de leur appliquer ce raisonnement.

Les OGMs pourraient être un CN négatif (c'est ce que pensent les anti-OGMs) mais ils pourraient aussi être un CNs positif (on parle par exemple de révolution dans la résolution de pénuries alimentaires et dans la production de médicaments ou de plastiques).

Interdire la culture des OGMs, c'est diminuer l'exposition au CN positif. Mais en permettre la culture sans précaution, c'est s'exposer au CN négatif.

A cette aune, il semble bien que la voie de la sagesse soit d'autoriser la culture ouverte des OGMs en s'entourant de précautions et en continuant la recherche, c'est-à-dire exactement ce que feraient les gouvernements européens si il n'y avait pas les bovésistes.

vendredi, février 13, 2009

L'avenir de l'Amérique : Sulley ou Sully ?

Peggy Noonan dans le Wall Street Journal

Comme j'ai moins le temps de vous écrire, je vous fais des copies des articles intéressants que je trouve, hélas souvent en Anglais.

Dans la même semaine :

> Chesley Sullenberger sauve ses passagers en posant son avion en panne dans l'Hudson. Il est froid, responsable, décidé, réfléchi, modeste, c'est un Américain à l'ancienne.

> Nadya Suleman accouche de 8 enfants, alors qu'elle en avait déjà 6 (les pères n'apparaissent pas dans le paysage : ils sont une gêne pour le pouponnage). Elle est irresponsable, narcissique, manipulatrice, menteuse, entièrement gouvernée par ses désirs. C'est une Américaine moderne.

J'ajoute que ce n'est pas propre à l'Amérique : la «maléducation» moderne fabrique une génération entière de ces pseudo-adultes qui ont des comportements d'enfants. La jeune femme de 33 ans qui ment à tout le monde pour avoir les enfants qu'elle désire n'est au fond pas différente du bébé de 2 ans qui se roule par terre pour obtenir la part de gâteau qu'il convoite. Seules les conséquences et leur gravité diffèrent.

Voici la conclusion de l'article :

It's Sully and Suleman, the pilot and "Octomom," the two great stories that are twinned with the era. Sully, the airline captain who saved 155 lives by landing that plane just right—level wings, nose up, tail down, plant that baby, get everyone out, get them counted, and then, at night, wonder what you could have done better. You know the reaction of the people of our country to Chesley B. Sullenberger III: They shake their heads, and tears come to their eyes. He is cool, modest, competent, tough in the good way. He's the only one who doesn't applaud Sully. He was just doing his job.

This is why people are so moved: We're still making Sullys. We're still making those mythic Americans, those steely-eyed rocket men. Like Alan Shepard in the Mercury rocket: "Come on and light this candle."

But Sully, 58, Air Force Academy '73, was shaped and formed by the old America, and educated in an ethos in which a certain style of manhood—of personhood—was held high.

What we fear we're making more of these days is Nadya Suleman. The dizzy, selfish, self-dramatizing 33-year-old mother who had six small children and then a week ago eight more because, well, she always wanted a big family. "Suley" doubletalks with the best of them, she doubletalks with profound ease. She is like Blago without the charm. She had needs and took proactive steps to meet them, and those who don't approve are limited, which must be sad for them. She leaves anchorwomen slack-jawed: How do you rough up a woman who's still lactating? She seems aware of their predicament.

Any great nation would worry at closed-up shops and a professional governing class that doesn't have a clue what to do. But a great nation that fears, deep down, that it may be becoming more Suley than Sully—that nation will enter a true depression.

La folie injectrice (22) : la (presque) passe de 4 d'Obama

Sur Econ Log, vous trouverez une liste des 4 erreurs de politique économique des gouvernements américains de la grande dépression, en plus du gaspillage (c'est bien le moment !) que représentent les plans dits de relance :

1) Hausse des tarifs douaniers et protectionnisme

2) Forcer les patrons à maintenir des salaires élevés

3) Augmenter les impôts sur le revenu.

4) essayer d'empêcher les prix de chuter

Pour l'instant, Obama a commis les erreurs 2 (par l'intermédiaire de nouvelles règles de marchés publics) et 4 (subventions agricoles, soutien artificiel aux créances bancaires, premières tentatives de manipulation du marché immobilier).

L'erreur 1 est clairement en préparation.

Qu'est-ce que ça serait si c'est gens ne nous répétaient pas à longueur de journées qu'ils ont tiré les leçons de la crise de 1929 et que, promis, craché, juré, ils ne recommenceront pas les mêmes erreurs !

jeudi, février 12, 2009

La folie injectrice (21) : j'ai peur en voiture, surtout quand Sarkozy est au volant


Les gouvernements sont déboussolés et, dans ces cas-là, on se raccroche à ce qu'on sait faire, c'est-à-dire, pour eux, la démagogie la plus bête, la plus néfaste.

Comme l'explique bien Elie Cohen :

Plan auto : le pire des deux mondes

le plan Sarkozy pour l'automobile est protectionniste. Le premier mouvement de refus de Christian Streiff, PDG de Peugeot-Citroen, était le bon, il aurait du en rester là.

J'ai peur.

Je ne plaisante pas : les lois protectionnistes Smoot-Hawley ont transformé la crise de 1929 en longue dépression.

Les proclamations affirmant qu'on a tiré les leçons du passé sont creuses, nous voyons au contraire se dérouler sous nos yeux, lentement mais sûrement, ce que je redoute depuis des mois, la transformation de la crise en dépression du fait de l'intervention intempestive des Etats.

mercredi, février 11, 2009

Le maïs OGM est sans danger pour l'homme : on s'en doutait !

Que le maïs OGM MON 810 fût sans danger pour l'homme (voir l'article suivant), on s'en doutait depuis longtemps : comme dans le cas de la foutaise réchauffiste, tous les arguments sont disponibles depuis longtemps.

Il n'y a rien de très nouveau depuis Il faut désobéir à Bové, de Sophie Lepault en 2005. Des millions d'hectares d'OGMs de toutes sortes sont cultivés depuis des années dans le monde. On a plus que largement le recul statistique pour en conclure que leur niveau de dangerosité est très bas.

Notons que les OGMs étant soumis à des tests plus sévères que les aliments «naturels» (je mets des guillemets parce que l'agriculture n'est, par essence, pas naturelle), le risque de mettre sur le marché un OGM nocif est moins élevé.

Ce n'est donc pas l'information qui me frappe, mais qu'on se croit obligé de la cacher. Cela révèle à quel point l'obscurantisme vert est pesant. Les écolos, loin d'être de gentils rebelles, sont au cœur du pouvoir.

Pour mesurer le poids du conformisme vert, j'entreprends quelquefois d'expliquer en public que je me fous de l'écologie, que les problèmes écologiques en France sont mineurs et donc non prioritaires.

J'ai en général droit à des regards horrifiés, je ne vous dis que ça.

J'ai pourtant des arguments (que je juge d'ailleurs excellents : je me sens beaucoup plus assuré sur ce terrain que sur beaucoup d'autres), mais je ne suis pas écouté : de même que si vous dites que Mahomet ou Jesus sont des cons, un croyant se ferme (ce que je comprends dans ce cas), les gens cessent de discuter pour passer à l'attitude grégaire de défense des dogmes du groupe, style lynchage, dès que vous contestez que l'écologie soit un vrai souci.

En général, je me garde d'insister, ça ne sert à rien. Mais l'exercice permet un tri intéressant : il faut aller interroger discrètement le taiseux, celui qui s'est bien gardé de se joindre à la curée.


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Le maïs OGM est sans danger pour l'homme, d'après l'Afssa

Marc Mennessier et Martine Perez dans Le Figaro du 11/02/02009


Les agriculteurs français vont-ils être de nouveau autorisés à semer du maïs transgénique MON 810 dès le printemps prochain ? Dans un avis daté du 23 janvier dernier, mais jusque là tenu secret, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) vient en effet de récuser les arguments contenus dans le rapport du professeur Yvon le Maho, sur lequel la France s'était appuyée, l'an dernier, pour interdire la culture de ce maïs produit par la firme américaine Monsanto, en invoquant la «clause de sauvegarde» auprès de Bruxelles.

«L'Afssa considère que les éléments du rapport le Maho (…) n'apportent aucun élément nouveau qui remettrait en cause la sécurité sanitaire des maïs portant l'événement (le transgène, ndlr) MON 810», peut-on lire en conclusion de ce document dont Le Figaro s'est procuré une copie. Qu'il s'agisse de la toxicité de la protéine insecticide (CRY1Ab) qui permet à ce maïs OGM de se protéger contre ses principaux ravageurs (la pyrale et la sésamie), d'un lien éventuel avec des maladies à prion (vache folle) ou d'un possible pouvoir cancérigène : les experts de l'Afssa, saisis le 5 septembre dernier par la Direction générale de la Santé (DGS), ont retoqué tous les griefs d'ordre sanitaire, tant vis-à-vis de l'homme que de l'animal, invoqués contre le MON 810.

Un coup dur pour le gouvernement français, et notamment pour le ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, qui doit défendre, le 16 février prochain devant la Commission européenne, la clause de sauvegarde activée par la France début 2008.

Cette procédure permet à un État membre d'interdire sur son territoire la culture d'une plante transgénique autorisée en Europe, comme c'est le cas pour le MON 810. Mais le pays doit pour cela s'appuyer sur des informations scientifiques validées signalant un risque réel pour la santé ou l'environnement. Ce n'est manifestement pas le cas.

D'autant que l'avis de l'Afssa va dans le même sens que les conclusions déjà publiées le 31 octobre dernier par l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa). «Les données fournies par la France n'ont pas apporté de preuve scientifique qui contredirait ce que l'Efsa a déjà dit à propos de ce maïs, à savoir qu'il est sain pour la santé humaine, animale et sans danger pour l'environnement», indiquait le rapport de l'agence européenne.

En clair, les risques de dissémination du transgène dans l'environnement (par le biais du pollen notamment), d'apparition d'insectes résistants au maïs MON 810 ou d'impact négatifs sur des organismes non-ciblés, comme les vers de terre, n'ont pas non plus convaincu la vingtaine d'experts européens mandatés par l'Efsa et rétribués par elle.

La France va-t-elle entrer dans une phase de guérilla judiciaire avec l'exécutif européen, à l'instar de l'Autriche qui bataille depuis dix ans pour empêcher l'importation et la commercialisation d'OGM sur son territoire ? Le processus enclenché en janvier 2008 avec la publication très médiatisée de l'avis du comité de préfiguration de la Haute autorité sur les OGM a visiblement du plomb dans l'aile. Les «éléments scientifiques nouveaux» et les «doutes sérieux» invoqués à l'époque par le président de ce comité, le sénateur (UMP) de la Manche, Jean-François Le Grand, peuvent-ils encore être pris au sérieux ?

C'est en tout cas à partir de cet avis, au demeurant contesté par la majorité des scientifiques qui avaient participé à ces travaux, que le professeur Le Maho avait rédigé, à la demande du ministère de l'Écologie, son fameux rapport. Lequel était destiné à répondre aux critiques formulées par la firme Monsanto avant d'être transmis à la Commission européenne en juin 2008 pour justifier la clause de sauvegarde française.

Mais constatant que le document n'avait «fait l'objet d'aucune relecture de la part d'autres scientifiques» et intriguée par des «arguments sanitaires qui n'avaient pas été soulevés dans l'avis du comité de préfiguration de la Haute autorité sur les OGM», (notamment la référence à la maladie de la vache folle) la Direction Générale de la Santé décidait, début septembre, de saisir l'Afssa.

L'avis, attendu en octobre, n'a finalement été signé par Pascale Briand, la présidente de l'agence, que le 23 janvier dernier, soit avec trois mois de retard. Depuis, sa publication n'a cessée d'être repoussée. Pour ne pas compliquer la tâche de M. Borloo devant la Commission, le 16 février ?

La folie injectrice (20) : je ne suis pas le seul à m'inquiéter

Il serait intéressant de lire ce genre d'articles dans la presse française. Il ne faut hélas pas y compter.

It's not a stimulus bill

There is no stimulus free lunch

mardi, février 10, 2009

Pascal Salin : les profits ne se partagent pas

Même pour le plus blasé des hommes, l'inculture crasse des politiciens français (et pas uniquement des politiciens d'ailleurs) en matière économique est un perpétuel sujet d'étonnement.

Les profits ne se partagent pas

lundi, février 09, 2009

A quoi servent les trotskystes ?

Nouveau, le NPA ?

Une seule phrase extraite de ce texte suffit à mesurer l'abîme qui me sépare des trotskystes :

«Rien n’est plus dénué d’humour qu’une assemblée de trotskistes.»

Comme je considère que l'exercice régulier de l'humour, principalement celui qui consiste à se moquer de soi-même, est un gage de bonne santé mentale, je devrais en conclure que les trotskystes (et les écolos, qui les valent sur ce plan) sont en mauvaise santé mentale.

Je me souviens d'un syndicaliste que, facétieux, j'avais lancé sur la piste de revendications que je jugeais irréalistes.

La conversation continuait et je croyais qu'il était entré dans mon jeu avec son humour pince-sans-rire. Puis je réalisai avec horreur que, pas du tout, il prenait mes propositions très au sérieux. Gêné, j'étais dans une impasse : comment lui faire comprendre que je plaisantais sans que nous eussions l'air con tous les deux ? Je coupai court de manière un peu ridicule en prétextant un sanglier sur le feu ou quelque chose dans ce goût là.

Pas facile, la vie avec des gens sans humour.

Dernière minute : les syndicalistes sont capables de faire preuve d'un certain humour, hélas involontaire. Voici qu'ils appellent à une «journée d'action» le 19 mars. Je rappelle pour les étrangers qu'une «journée d'action» consiste dans l'esprit d'un syndicaliste à peigner la girafe et à branler le mammouth.

samedi, février 07, 2009

La folie injectrice (19) : et la morale dans tout ca ?

Voici un article de Loïc Abadie, qui croit encore plus que moi (si, si, c'est possible)que les actuels plans de relance sont néfastes :

Keynésianisme et morale financière

Là nous touchons le sommet de l'absurdité du système actuel.

Nous voyons des dirigeants fustiger les banquiers et les spéculateurs pour avoir pris trop de risques avant la crise (alors que ce sont ces mêmes dirigeants qui les ont incité à le faire), puis demander ensuite à ces mêmes banquiers de relancer le crédit à n'importe quel prix.

En France, 60% des ménages pourront ainsi bénéficier de prêts à taux zéro garantis par l'état. Message clair (qui se fait même menaçant ces derniers temps) adressé aux banques : prêtez à fond à n'importe qui, ne vous occupez surtout pas des risques, on vous couvre !

Aux USA, en Angleterre et dans d'autres pays, on met en place des « bad banks », consistant à décharger les banques de tous les mauvais choix faits auparavant, et on les inonde dans le même temps de liquidités (quantitative easing) afin qu'elles puissent prêter encore et toujours plus...Les exemples pourraient être multipliés presque à l'infini.

Ensuite on dit au « bon peuple » qu'il va y avoir des « règlementations plus strictes » (où ???) et de la « morale ».

Il s'agit sans doute de la « morale » très spéciale de la génération baby-boom (également connue sous le nom de génération 68), actuellement au pouvoir, qui consiste :

- A consommer avant de produire et de travailler, et à faire produire par des pays émergents naïfs (mais ils ne le resteront pas toujours, sauf dans les rêves des baby-boomers !) les biens dont on a besoin en les payant avec dettes, et si nécessaire avec de la monnaie qui ressemblera de plus en plus à de la monnaie de singe, en espérant que ce système pourra durer éternellement.

- A prendre de l'argent aux agents économiques (ménages, entreprises et autres) qui sont restés responsables et raisonnables, ainsi qu'aux générations futures (elles aussi ne resteront pas éternellement aussi naïves !) pour le donner à ceux qui font le plus de bêtises et de cavalerie...Cette « grande» idée a un nom : le socialisme.

vendredi, février 06, 2009

La gestion de programme aéronautique et le bilboquet


J'ai fait rire mes collègues en leur expliquant que la gestion de programme, c'était comme le bilboquet : on a peu de chances de gagner, et si l'on perd la boule des yeux, on est sûr de perdre. Airbus l'a appris à ses dépens.

Je vais être plus explicite.

Réussir un programme, c'est-à-dire obtenir les performances prévues et surmonter les difficultés techniques dans des coûts et des délais raisonnables, est très difficile.

Car il n'y a pas de détails, tout compte : une simple histoire de longueur de câbles, comme sur l'A 380, et le programme part en vrille.

Cela demande une attention de tous les instants, une concentration constante des efforts. Le cas d'Airbus est le contre-exemple parfait : les combats de coqs et les ambitions politicardes des dirigeants de l'entreprise les ont distrait de l'essentiel, qui est tout de même de sortir des avions sûrs, dans les délais et à des coûts vendables.

Il y a, en gros, deux possibilités, la méthode à l'ancienne et la moderne.

La gestion de programme à l'ancienne

La pièce maitresse de la gestion de programmes à l'ancienne est le chef de programme, directeur technique, chief engineer, selon les terminologies.

Seul maître à bord après Dieu, il a l'oeil à tout, il sent venir l'orage.

Son instinct technique l'avertit de la perfidie de détails apparemment anodins, il anticipe les difficultés, il envoie ses émissaires chez le sous-traitant le plus obscur si son intuition lui dit qu'il y a là un danger qui sautera sur l'ingénieur imprudent, au moment le plus crucial. Il tranche, il choisit, il décide.

Il tient ferme la barre, ses avis tombent comme la foudre ou l'oracle Delphes. C'est un meneur d'hommes, on peste, on le maudit, mais on le respecte et on travaille.

Pour résumer, le directeur technique a un grand talent.

Certains directeurs techniques sont restés célèbres : Henri Deplante chez Dassault, Kelly Johnson chez Lockheed, Roger Robert chez Matra, Lucien Servanty sur Concorde, Roger Béteille sur A300.

Ils ont tous en commun, paraît-il, un caractère soupe-au-lait.

Evidemment, l'organisation découle de cette confiance dans le talent. Kelly Jonhson résumait ainsi ses principes :

1) Calculez votre calendrier. Ensuite, divisez par deux.

2) Calculez vos effectifs. Ensuite, divisez par deux.

3) Prenez les meilleurs. Doublez leur salaire.

4) Rassemblez tout ce monde dans un atelier-prototype, dans le genre fond de garage ou fond de hangar, de manière à ce que concepteurs et prototypistes travaillent ensemble.

5) N'ayez qu'un représentant du client, ayant tout pouvoir de décision au nom de celui-ci.

Bien entendu, ces principes forment un tout cohérent : si le programme en longueur, avoir des salaires élevés devient exorbitant, les bons se démotivent et partent ; si le client n'a pas désigné un décisionnaire unique, les modifs s'accumulent et le programme traine, etc ...

Cette méthode était également celle appliquée par le Dassault de la grande époque, qui n'hésitait pas à confier à des ingénieurs de trente ans des fonctions entières, propulsion, aérodynamique, commandes de vol, ...

La gestion de programmes moderne

Elle est exactement inverse de la précédente. Elle considère, fidèle aux principes des RH et des managers modernes (ils vous diront le contraire, mais je les ai vus à l'oeuvre dans des sociétés très différentes, je sais de quoi je parle), que les hommes sont interchangeables et sans talents particuliers.

Puisque, dans cette optique, il n'existe pas d'homme pouvant avoir l'oeil à tout, c'est à l'organisation d'y pourvoir.

On essaie donc de mettre en place une organisation complexe et détaillée décalquant l'architecture du programme, de façon à ne rien rater.

On multiplie les plans de management, les plans qualité, les audits, les contrôles, les commissions de risques, les rapports de progrès, les fonctions transverses, j'en passe et des meilleures.

En pratique, la plupart du temps, «complexe et détaillée» devient «embrouillée et incompréhensible».

Assez vite, on en vient à cette caricature bien connue des bureaux d'étude : un rameur, et dix barreurs qui donnent des ordres contradictoires.

Entre les deux, mon cœur balance

La gestion de programmes à l'ancienne prenait le risque de réussir tandis que la gestion de programmes moderne vit dans la certitude d'échouer (en espérant que ça sera de peu).

Pourtant, c'est la seconde qui est préférée.

Je vois à cela un certain nombre d'explications :

> les sociétés aéronautiques sont désormais des mammouths. L'esprit pionnier les a abandonnées, elles se comportent comme des administrations, or les administrations ont horreur des cas particuliers. L'idée de se reposer sur quelques hommes hauts en couleurs devient incongrue, déplacée, comme de roter pendant une réunion.

> l'incertitude est intolérable, aux gestionnaires comme aux clients. On préfère un plantage dans les normes, avec «reporting» hebdomadaire et détaillé, plutôt que d'attendre sagement sans rien demander que quelques ingénieurs investis de votre confiance sortent l'engin en temps et en heure (en effet, il faut choisir, soit les ingénieurs font du «reporting» et des réunions, soit ils travaillent, mais ils ne peuvent faire les deux à la fois ; quant à imaginer que certains feraient leur métier du «reporting» pour laisser les ingénieurs tranquilles, ça ne fait qu'ajouter du bruit et de l'entropie).

On préfère un échec maitrisé, à une possibilité de réussite assortie d'un risque d'un échec-surprise.

> l'inflation réglementaire est aussi de la partie : il faut produire de plus en plus de papier. Cela dépense de l'énergie et de l'attention pour des choses qui sont, excusez moi messieurs les certificateurs et les qualiticiens, accessoires.

> enfin, dernière raison de préférer la méthode moderne, le fatalisme. Plus personne ne croit qu'un programme puisse respecter ses délais et ses coûts, alors pourquoi prendre des risques en essayant quand même d'y arriver ?

Maintenant, une question : quelle méthode vont préférer les sociétés aéronautiques montantes, brésiliennes ou chinoises ?

Je vous laisse méditer.

Hudson crash : les controleurs aussi ont fait preuve de sang-froid

Contrairement à ce que raconte la journaliste (comme quoi il n'y a pas que les journalistes français qui racontent n'importe quoi), la situation n'a pas tourné à la confusion : certes le contrôleur n'a pas tout compris, mais il a indiqué des solutions alternatives jusqu'au bout, ce qui était tout ce qu'il pouvait faire.

J'ai déjà entendu des bandes de crash avec des contrôleurs vraiment confus et pris de panique, c'était autre chose.

Audio of US Airways Flight That Landed in Hudson

jeudi, février 05, 2009

La folie injectrice (18) : Yes, we can (not)

J'aurais pu aussi titrer ce message No change has come to America.

En matière de sauvetage des banques, le gouvernement Obama reprend le pire de la politique de Bush, le sauvetage des banques aux frais du contribuable sans discussion.

Les histoires de bonus et de salaires, c'est de la poudre aux yeux pour les gogos.

Le sauvetage des banques qui serait à la fois sain et efficace, sans rien couter au contribuable, consisterait à forcer la transformation des créances en capital. Cela ratiboiserait les créanciers et les actionnaires imprudents des mauvaises banques.

L'autre possibilité, plus radicale, est de laisser les mauvaises banques faire faillite les banques et de récupérer les dettes des faillis à prix cassés.

Bien entendu, les dits actionnaires et créanciers ne veulent à aucun prix de ces solutions et ils ont l'oreille du gouvernement Obama. C'est vrai que la révolution par rapport à Bush crève les yeux !

La seule chose qui puisse nous sauver de la dépression, c'est que les Américains rétablissent la santé de leur économie malgré leur gouvernement.

Accrochez vos ceintures.

The bad bank assets proposal : even worse than you imagined

Cinéma, critiques express

Largo Winch

Bon film d'action

Les noces rebelles

Bof. Je n'étais pas dans l'humeur qui allait bien : savez vous que dans 95 % des accidents aériens, les passagers ne sont pas pris de panique, ne deviennent pas hystériques, mais sont tétanisés et attendent les ordres sans bouger ni crier ? Or le cinéma qui se veut réaliste nous présente toujours des scènes de panique lors d'accidents.

J'ai eu la même impression avec Les noces rebelles : un faux réalisme.

Walkyrie

Thomas Croisière est un bon acteur quand il ne fait pas de la propagande pour la scientologie.

Espions

Il y a toujours ce désagréable coté gauchiste, scie obligatoire dans notre cinéma français subventionné, mais sinon, c'est un très bon film.

mercredi, février 04, 2009

La liberté d'expression soleil couchant

Certains cons commentateurs m'ont expliqué que j'en tenais une couche d'écrire que la liberté d'expression est un vain mot en France.

Il n'empêche qu'on n'a pas le droit de tout dire, et ce droit limité est en train de se transformer en interdiction de rien dire en dehors du conformisme le plus crétin.

Bref, on est libre, libre de dire comme tout le monde, de ne déranger et de ne choquer personne (sauf les curés et les riches ni footballeurs ni artistes populaires).

La chose est exprimée ici avec plus de talent :

La liberté d'expression soleil couchant

Comme les comiques sont sensibles, la disparition des comiques cinglants (je pense à Desproges), remplacés par des gnangnans sans intérêt, est un signe avancé de notre décadence : l'humour, l'ironie, l'exercice de la liberté, sont des moyens de ne pas se prendre au sérieux, de se mettre à distance des gens et des choses, une manière d'être intelligent.

Aujourd'hui, nous vivons dans une société qui se prend tellement au sérieux («Sauvons la planète») que ça en devient comique, mais c'est un comique, ennuyeux, affligeant, triste, un comique de fin du monde.

La folie injectrice (17) : quand les Etats feront banqueroute, la prese française en parlera-t-elle ?

Vincent Bénard publie un excellent article sur son blog :

Hyperinflation ou faillite des Etats, quel sera le prochain cygne noir ?


Comme lui, je suis frappé de l'unanimité relanciste de la presse française.

Sur BFM ou dans Les Echos, on commence à entendre de timides objections. Cependant, même eux ont comme une opinion de fond «La relance est très dangereuse mais nécessaire.»

Que les politiques étatistes de relance massive et de sauvetage généralisé aggravent la crise et soient à éviter n'est pas une idée recevable dans les medias français.

A contrario, dans la presse américaine, le débat et vif, et instructif, depuis des mois.

Par exemple, voici les deux derniers articles que je viens de lire.

Stimulus just digs debt hole deeper
The stimulus package is more debt we don't need

Washington could use less Keynes and more Hayek
Big risks for US in trying to value bad bank assets

On trouve du coté opposé, Krugman, le récent prix Nobel, du New York Times.

Il est vrai que nous sommes si intelligents, si fins, si cultivés, et les Américains si bêtes, si incultes et si abrutis ....

dimanche, février 01, 2009

Le réchauffisme se noie dans l'océan

Puisque ce blog est régulièrement visité par des défenseurs du réchauffisme (qui est à mon avis une vaste fumisterie), je pense à eux :

La perception brumeuse de Realclimate

Par Professeur Henk Tennekes.
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Roger Pielke Sr. m’a aimablement invité à ajouter mon point de vue à sa discussion avec Gavin Schmidt de RealClimate. Si le sujet n’avait pas été aussi sérieux, j’aurais été diverti par l’ignorance de Gavin sur les différences entre les modélisations météorologiques et les modélisations climatiques. Comme c’est le cas, je suis consterné. Retournez à l’école, Gavin !

Un modèle météo traite de l’atmosphère. Les processus lents dans les océans, la biosphère et les activités humaines peuvent être ignorés ou paramétrés grossièrement. Cette méthode a très bien réussi. La fraternité dominante dans la communauté de la modélisation météo s’est emparée de cet avantage et l'a utilisé pour s'imposer dans la communauté des modélisatieur du climat. S’appuyant sur un système d’observation beaucoup plus avancé que ceux de l’océanographie ou d’autres parties du système climatique, elle a exploité à fond son avantage. Pour ces gens, c’est une heureuse coïncidence que le système synoptique dominant dans l’atmosphère ait une échelle de plusieurs centaines de kilomètres, ce qui fait que les insuffisances de paramétrage et de réseau d’observations, y compris la couverture satellite, n’empêchent pas d’habiles prévisions plusieurs jours à l’avance.

Cependant, un modèle climatique traite du système climatique complet, ce qui inclut les océans de la planète. Les océans constituent un composant lent et décisif du système climatique. Décisif, parce que c’est là qu’est stockée la majorité de la chaleur accessible du système. Les météorologues ont tendance à oublier que quelques mètres d’eau contiennent autant de chaleur que l’atmosphère entière. Egalement, les océans sont la principale source de vapeur d’eau qui fait que la dynamique atmosphérique de notre planète est à la fois intéressante et excessivement complexe. A cause de cela et d’autres raisons, une représentation explicite des océans devrait constituer le noyau de tout modèle climatique qui se respecte.

Or les systèmes d’observation des océans sont primitifs en comparaison de leurs homologues atmosphériques. Les satellites qui peuvent suivre ce qui se passe sous la surface de l’océan ont une résolution spatiale et temporelle limitée. De plus, l’échelle des mouvements synoptiques de l’océan est beaucoup plus petite que celle des cyclones dans l’atmosphère, ce qui nécessite une résolution spatiale des modèles numériques et du réseau d’observation hors des capacités des systèmes d’observation actuels et des supercalculateurs. Nous ne pouvons pas observer, par exemple, la structure verticale et horizontale de la température, de la salinité et du mouvement de tourbillons du Gulf Stream en temps réel et de façon suffisamment détaillée et nous ne pouvons pas les modéliser au niveau de détail nécessaire en raison des limites des calculateurs. Comment, pour l’amour du Ciel, pourrions nous alors calculer avec vraisemblance leur contribution au changement multi-décennal du transport de chaleur méridional ? Est-ce que les paramétrages grossiers utilisés en pratique peuvent prédire avec vraisemblance les processus physiques de l’océan plusieurs dizaines d’années en avance ? J’affirme que non.

Le stockage et le transport de chaleur dans les océans étant déterminants pour la dynamique du système climatique et ne peuvant pas être convenablement observés ou modélisés actuellement, on doit admettre que les revendications à propos des performances prédictives des modèles climatiques sont bâties sur du sable mouvant. Les modélisateurs climatiques prétendant prédire des décennies dans le futur vivent dans un fantasme, dans lequel ils manipulent les nombreux boutons de paramétrage pour produire des résultats ayant quelque semblant de vérité. Des bases solides ? Oubliez !

Gavin Schmidt n’est pas le seul météorologue avec une fausse notion du rôle des océans dans le système climatique. Dans mon message du 24 Juin 2008, je m’attaquais à la perception limitée qu’au moins un autre modélisateur climatique semblait avoir. Quelques lignes de cet article méritent d’être répétées ici. En réponse à un article de Tim Palmer du ECMWF, j’écrivais : “Palmer et al. semble oublier que, si les prévisions météo sont concentrées sur une succession rapide d’évènements atmosphériques, les prévisions climatiques doivent se concentrer sur la lente évolution de la circulation maritime de la planète et les lents changements de l’utilisation des terres et de la végétation naturelle. Dans l’évolution du ‘Slow Manifold’ (pour emprunter un terme créé par Edward Lorenz), l’atmosphère agit essentiellement comme un bruit stochastique de haute fréquence. Si j’étais encore jeune, je tenterais de construire un modèle climatique conceptuel basé sur une représentation déterministe de l’océan planétaire et une représentation stochastique de l’activité synoptique dans l’atmosphère”.

Selon moi, il est plutôt alarmant que l’actuelle génération de modèles climatiques ne puisse pas simuler un phénomène aussi fondamental que l’Oscillation Pacifique Décadale. Je ne ferai confiance à aucun modèle climatique jusqu’à ce qu’il puisse correctement représenter la PDO et les autres particularités lentes de la circulation océanique planétaire. Et même à ce moment, je resterai sceptique quant à l’aptitude d’un tel modèle à prévoir plusieurs dizaines d’années à l’avance.