mardi, octobre 14, 2008

Collision évitée : l'avion de Fillon volait trop vite

Mes commentaires entre [] et les phrases significatives en rouge gras.

INFO LE FIGARO - L'enquête préalable à l'audience au tribunal de Versailles mercredi montre que le pilote privé n'aurait pas tous les torts.

L'analyse des trajectoires radars civil et militaire et des enregistreurs de vol montre une réalité assez différente des premières informations diffusées [comme d'habitude, les journalistes ont raconté n'importe quoi sans vérifier] sur ce qui était une «quasi collision» entre un Cessna 172 et le Falcon du premier ministre au-dessus de Toussus-le-Noble (Essonne) dimanche 28 septembre dernier. Il y avait bien «60 mètres d'écart» mais en altitude, ce qui est très différent du plan horizontal. En fait, les deux avions étaient distants de 0,6 mille nautique (plus d'un kilomètre).[Il m'est déjà arrivé de croiser un avion, donc sans séparation horizontale, à 200 ft, c'est pas bien, ce n'était pas de ma faute, mais ça peut arriver et je n'ai pas fait chier la terre entière] A bord du Falcon, le détecteur de trafic a donné l'alerte quelques secondes seulement. L'alarme sonore s'est arrêtée dès que le pilote a diminué le taux de descente, ce que les passagers présents à bord ont interprété comme une légère accélération. Le «crash évité de justesse» qui avait été évoqué, n'est plus une réalité, considéré maintenant comme un rapprochement anormal par les experts. Les premières informations étaient difficiles à vérifier et le secret de l'instruction était opposé à toute question trop précise. L'équipage du Falcon a déposé, à l'arrivée à l'Escadron de transport (Etec) de Villacoublay, une déclaration d'«Airprox» (Air Proximity) qui déclenche une enquête technique. Le substitut du tribunal de Versailles s'est néanmoins saisi de l'affaire. Le pilote du Cessna a alors été mis en garde à vue 24 heures [Rien que ça].

Il n'en reste pas moins que le pilote du Cessna 172 qui faisait route des châteaux de la Loire vers Pontoise (Oise), était en infraction. Il se trouvait entre 1 800 et 2 300 pieds, au-dessus des 1 500 pieds (500 mètres) autorisés dans le secteur de Toussus-le-Noble. Au-dessus de 1 500 pieds, l'espace est, en effet, réservé au trafic de Villacoublay, aérodrome où atterrissent les avions militaires et ceux de l'Etat. Plus au dessus volent les avions en approche à Orly, du moins quand le vent souffle de l'Est. On ne peut, en revanche, reprocher directement au pilote de ne pas avoir été en contact radio avec Toussus-le-Noble car cela n'est pas formellement obligatoire. S'il était conscient d'être en dehors de la route autorisée, il pouvait toutefois demander de l'aide à la tour de Toussus ou Seine-Information qui l'aurait aidé à revenir dans les zones autorisées. Les juges du tribunal correctionnel de Versailles vont devoir se pencher sur des cartes aéronautiques très complexes et quasiment illisibles [Vive l'administration française ! L'excès de réglement tue le réglement. Pour bien connaitre le coin (je vole à St Cyr et à Toussus), je peux dire la chose suivante : les cartes ne sont pas illisibles, mais très complexes. Un provincial hésitera à venir en région parisienne non accompagné d'un autochtone. Pour peu que le pilote ne se soit pas préparé correctement, il est vite possible d'être en infraction. De plus, quand ça merde, ça merde : le stress s'ajoute au stress et on multiplie les gaffes. On est perdu, on oublie de contrôler son altitude, on ne pense pas à passer sur Seine Info et, comble de malchance, on rate Fillonetc.] pour apprécier la position respective des deux avions.

L'avion ministériel volait à 650 km/h

L'avion ministériel n'était pas non plus «dans les clous». Le triréacteur arrivait d'Angers et était en descente vers Villacoublay. Les radars civils des centres de contrôle d'Athis-Mons et d'approche d'Orly montrent que le Falcon volait à 350 nœuds (environ 650 km/h). Or, précise-t-on à la Direction de l'aviation civile, «la vitesse maximale autorisée en dessous du niveau 100 (environ 3 300 mètres) est de 250 nœuds». Deux raisons à cette limitation. A 250 nœuds, dans l'espace aérien inférieur, là où le trafic est plus dense, cette réduction réduit les risques de collisions. Mais cette vitesse moindre permet, par ailleurs, de limiter les conséquences d'un impact avec les oiseaux, fréquents dans les basses couches. A 350 nœuds, le choc avec un volatile, plus violent, peut gravement détériorer un pare-brise ou un moteur.

A Matignon, on conteste cette version. «Une allure de 350 nœuds en phase de percée (c'est-à-dire en descente) est techniquement impossible, précise-t-on au cabinet du premier ministre. La vitesse du Falcon au moment du croisement des deux appareils était bien inférieure.» L'avion, dont le vol était soumis au contrôle des autorités de la Défense à Villacoublay, ne bénéficie, de surcroît «d'aucune dérogation aux règles de vol», qui sont liées «au type d'appareil et non à la qualité de ses passagers». Dans l'entourage du premier ministre on précise enfin, qu'il n'y a pas, à leur connaissance, «de mentions d'un problème de vitesse dans la procédure concernant cet incident». Interrogé par lefigaro.fr, l'avocat du pilote amateur, Me Gilles Khaiat, se dit incapable de se prononcer sur les faits, «n'ayant eu qu'un accès très partiel au dossier».

Selon Matignon, «le parquet de Versailles a agi de sa propre initiative»

Les juges de Versailles vont devoir se pencher sur les responsabilités respectives. On retrouve ici la règle générale selon laquelle un incident aéronautique relève toujours de la conjonction de plusieurs facteurs. Le pilote du Cessna comparaît en citation directe pour «mise en danger de la vie d'autrui» en ne respectant par les règles de l'aviation civile et «survol d'une zone interdite». Cette affaire portée ainsi en justice étant une première, il n'y a pas réellement de jurisprudence. Sur le plan administratif, la commission de discipline de l'aviation civile prononce habituellement une suspension temporaire de licence assortie éventuellement d'une formation de quelques heures avec un instructeur. La suspension définitive n'est prononcée qu'en cas de récidive.

Restent à identifier les raisons profondes du traitement exceptionnel par la justice d'un incident relativement fréquent. Une trentaine d'«Airprox» sont déposés chaque année en France qui donnent lieu à une enquête technique, éventuellement à une sanction administrative, jamais à une traduction quasi immédiate devant les tribunaux après une garde à vue. Un proche du dossier attire l'attention sur une guerre possible entre des cabinets ministériels autour de cette affaire que l'entourage de François Fillon ne souhaitait pas dramatiser outre-mesure. A Matignon, on rappelle ainsi que «ni le premier ministre ni son cabinet n'ont demandé le lancement d'une telle procédure» : «le parquet de Versailles a agi de sa propre initiative sur constatation d'une infraction pénale». François Fillon n'aurait même pas fait mention de l'incident à son arrivée à Matignon. Le passage en jugement juste quinze jours après l'infraction permet cependant de s'interroger sur un tel empressement. Avec l'encombrement des tribunaux, il faut le plus souvent deux ans à la Justice pour statuer sur des affaires comparables. [Bref, ce n'est pas la peine que ce pilote joue au Loto : vu la poisse qu'il a, c'est de l'argent foutu en l'air]

3 commentaires:

  1. La garde à vue devient la règle et on ne peut pas s'y opposer. Significatif de l'état de notre société...Tout le monde veut se couvrir de quoi , de qui ....

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  2. Cette histoire est incroyable.
    Si maintenant on reserve la garde a vue pour tout ceux qui merdent aux alentours de Toussu, ou même ailleurs (par chez moi c'est les centrales de Belleville et Dampiere qu'il faut eviter), il risque d'y avoir pas mal de pilotes au gnouf.

    Je pense que l'on peut raisonnablement prévoir la fin de l'aviation du dimanche.

    Par ailleurs je me demande bien ce qui est passe par la tête du juge pour traiter ce non évènement aussi rapidement.

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  3. aucun rapport mais, FB, vous devriez apprécier cette vidéo : http://video.google.fr/videoplay?docid=-4123082535546754758&hl=fr

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