lundi, juillet 07, 2008

Un article critique sur Vélib dans Le Monde

Que se passe-t-il au journal Le Monde ? Il y a quelques semaines, un article positif sur les OGMs, aujourd'hui un article critique sur Vélib ... Je suis perplexe, la pensée unique bobo serait-elle si mal en point ?

Mezs commentaires entre crochets.

Heurs et malheurs du Vélib' parisien

LE MONDE | 05.07.08 | 13h58 • Mis à jour le 05.07.08 | 13h58

Le succès médiatique n'a pas que des avantages. Deux morts en six mois sur un Vélib' ont fait plus de bruit que les cinq cyclistes (dont un seul Vélib') tués en 2007 sur le pavé parisien, selon les chiffres d'Annick Lepetit, nouvelle adjointe (PS) du maire de Paris, Bertrand Delanoë, chargée des transports et de la circulation.

Avec le retour des beaux jours, les Vélib', qui fêteront leur premier anniversaire le 15 juillet, fleurissent de nouveau. Ils ont fait ressortir des garages et descendre des balcons les vélos les plus divers, enfourchés par des cyclistes amateurs de balades ensoleillées, mais aux compétences variables. Conséquence, une augmentation des accidents, mortels ou non : le nombre de cyclistes accidentés a bondi de 21,4 % pour le seul premier trimestre 2008, selon les chiffres de la préfecture de police.

Si des automobilistes ou des chauffeurs de bus excédés passent parfois leurs nerfs sur de malheureux cyclistes qui n'ont rien fait de mal, il est clair aussi que les freins puissants des bus de la RATP et les réflexes de leurs conducteurs ont sauvé la vie à de nombreux cyclistes, qui montrent parfois une conduite ahurissante, comme si le sentiment de liberté que procure le vélo tournait à l'ivresse. Le pourcentage dérisoire de "vélibistes" casqués semble témoigner d'un état d'esprit - le rejet de toute contrainte - qui s'exprime aussi dans les refus de priorité, les feux rouges grillés par les vélos, toutes étiquettes confondues... Ainsi, dans une enquête réalisée par la Mairie de Paris en 2005, seuls 29 % des cyclistes interrogés déclaraient respecter les feux rouges
[je soupçonne qu'il y a peu de partisans de l'ordre et de la discipline parmi les vélibiens. Vélib, moyen darwinien moderne d'élimination des cons ?].

La prolifération des deux-roues à moteur a contribué à complexifier encore le problème. A la fois victimes potentielles des voitures et dangers supplémentaires pour les cyclistes, ces usagers en nombre croissant sont le fruit d'une politique dont l'inventeur, Denis Baupin, tout occupé qu'il était à compliquer la vie des automobilistes, n'avait pas anticipé les effets pervers
[Evidemment, le constructivisme, le type d'en haut qui sait ce qui est bien pour le bas peuple, ça ne marche pas car l'imagination des gens s'adaptant est plus forte que celle des liberticides, on croit imposer les vélos, on favorise les scooters. Ou alors il faut tout verrouiller, version Staline. Baupin est un abruti, ça ne lui ferait pas peur, mais heureusement, ce n'est pas lui le maire de Paris.] Dégoûtés de la voiture, mais refusant toujours de prendre les transports en commun, de nombreux usagers sont passés à ce mode de transport polluant, accidentogène, qu'il faut gérer : en 2007, 53 % des victimes d'accidents à Paris conduisaient des deux-roues motorisés, à comparer aux 7 % de cyclistes. La même année, 14 utilisateurs de deux-roues motorisés ont été tués, pour 17 piétons et un automobiliste.

Pour tout arranger, l'esprit du temps fait que chaque catégorie d'usagers a tendance à voir chez les autres non des adeptes d'un mode de transport différent qui doivent partager en bonne intelligence un même espace public, mais des gêneurs . Mme Lepetit voudrait d'ailleurs appeler à la vigilance, mais aussi expliquer aux uns et aux autres qu'ils se simplifieraient les choses en parvenant à concevoir qu'un autre comportement est possible que l'individualisme agressif
[L'assistanat généralisé engendre la guerre de tous contre tous].

La multiplication des cyclistes impose de prendre au sérieux ce trafic, autrement dit d'adapter la voirie, mais aussi de le réguler, comme les autres. La préfecture de police doit intensifier ses efforts pour que les deux-roues, motorisés ou non, respectent le code de la route. La Mairie doit accélérer l'équipement de la capitale. Les couloirs mixtes bus-vélos représentent un compromis qui devient plus difficile à vivre au quotidien avec des vélos en nombre. Mais les élargir augmenterait encore la congestion automobile.

LA RATP N'A PAS JOUÉ LE JEU

Dans l'immédiat, l'urgence est à la constitution d'un maillage cohérent d'itinéraires continus avec un maximum de pistes ou voies cyclables, sur des itinéraires vraiment fréquentés par les vélos. Aujourd'hui, seuls 271 km de voirie (sur un total d'environ 1 700) sont ainsi équipés. Cela impose aussi de s'occuper des places de stationnement des automobiles, que M. Baupin avait réduites de façon drastique sans se préoccuper des conséquences en termes de coûts pour les usagers et de pollution supplémentaire.

Le vélo, de toute façon, ne deviendra jamais un moyen de transport de masse quotidien. Même avec une augmentation de 94 % entre 2001 et 2007, selon les chiffres de Mme Lepetit, les cyclistes ne représentent que 2 % à 3 % du trafic total de la capitale. Vélib' n'a donc pas changé grand-chose au problème fondamental de la circulation à Paris, où la place de la voiture a été réduite pendant le premier mandat de M. Delanoë, sans que l'offre de transports en commun de surface ait connu la mue, qualitative et quantitative, que l'usager était en droit d'attendre
[Evidemment puisque la RATP n'a pas des clients, mais des usagers, et en plus des usagers captifs (sauf à prendre un autre moyen de transport, ce que font la plupart) puisqu'elle a le monopole des transports en commun].

Tous les acteurs du dossier le savent : le premier tronçon du tramway des Maréchaux, la multiplication des couloirs de bus protégés ne peuvent pas faire oublier que la RATP n'a pas joué le jeu. Il n'y a pas d'adéquation réelle entre l'offre de bus et les possibilités de la voirie aménagée par la Mairie. Les "couloirs de bus vides", qui exaspèrent les automobilistes scotchés dans les embouteillages, en témoignent [Et hop, encore un échec du constructivisme]. Une amélioration spectaculaire des fréquences de passage serait le point essentiel pour que les bus deviennent vraiment attractifs, puisque le maillage des lignes est, grosso modo, satisfaisant. Avec des intervalles souvent proches de 8 à 10 minutes, voire 15, 20 ou 30 mn les samedi et dimanche et après 20 heures, y compris sur les lignes "Mobiliens", les bus n'ont aucune chance de déclencher un transfert massif de clientèle. Couloirs ou pas. Même coincé dans un embouteillage, un automobiliste au volant de sa voiture confortable et suréquipée a peu de raisons d'envier les malheureux debout, comprimés, ballottés par de grands coups de frein, qu'il voit avancer, un peu plus vite que lui, certes, dans le couloir de bus.

Jusqu'en 2005, la RATP était contrôlée par l'Etat, via le Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF). Depuis, le STIF a été transféré aux élus, notamment ceux de Paris et de la région Ile-de-France. Or les désaccords entre M. Delanoë et Jean-Paul Huchon, président, PS lui aussi, de la région, sont publics. Les intérêts divergents des élus les empêchent de mettre vraiment la pression sur la RATP. Celle-ci s'emploie donc à mener sa barque comme elle l'entend, avec de plus en plus un comportement d'entreprise privée, soucieuse avant tout de bénéfices et de gains de productivité. D'autant que les élus, même s'ils ont parfois l'impression que la RATP déploie un rideau de fumée pour échapper à leurs interpellations précises, sont assez démunis. En théorie, le STIF procède par contrat avec la Régie. Mais le contrôle du respect des engagements pris est pour le moins "ténu", comme le résume avec humour un spécialiste du dossier, ne serait-ce que parce qu'il y a "200 personnes au STIF et 40 000 à la RATP".

Courriel : andreani@lemonde.fr
Editorialiste

7 commentaires:

  1. Ce qui me surprend le plus c'est que cet article provient de M. Andréani qui nous avait gratifié d'un article "France solidaire et France libérale" qui témoignait d'une ode à l'Etat, au constructivisme et une mécompréhension complète de ce que revêt le terme libéral (sans compter que s'arrêter à A. Smith pour en faire juste le père du libéralisme économique et faire de la Révolution française le point de départ du libéralisme politique doit bien faire rire les Anglais et les Américains).
    Je suis par conséquent très surpris de trouver sous la plume de cet auteur un article aussi factuel, voire critique envers ce que tous célébraient comme une avancée de la mobilité.
    Une hirondelle ferait-elle le printemps ?

    PS: le texte de JL Andréani est disponible:
    http://psgueb68.e-monsite.com/rubrique,rubrique,1026143.html

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  2. Question de forme, Franck, je pense que tes commentaires seraient plus visibles en ne les mettant pas en italique comme le reste du texte. Parfois, je ne savais plus si c'était le Monde qui parlait ou si j'étais encore dans le commentaire. Merci.

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  3. Andréani

    Un essai de lien pour voir si j'ai bien compris...

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  4. quelques éléments pour nuancer :
    j'ai été cycliste (non vélibien) dans Paris : 3 vélos volés (amusant anagramme) en 1 an et demi.
    Passage au scooter 125 il y a 3 ans, me permettant de répondre à mon besoin de déplacement pro dans paris et sa proche banlieue.
    Résultat:
    moins de 3l / 100km (essance) vs pls de 7l/100km de diesel bien plus polluant de ma voiture qui reste au garage la semaine.
    Un trajet dans Paris en voiture dure en moyenne 25min, dont la moitié à chercher une place pour se garer. Soit, pour M. Baupin qui parait-il a fait centrale et devrait donc savoir compter, : plus de places de parking = 2 fois moins de pollution.
    le scooter, qui permet de se garer immédiatement, permet également de moins polluer (j'espère que cet argument arrivera jusqu'à nos démiurges d'élus).
    Je ne parle évidement pas des gains de productivité pour ma boite, et le résultat pour moi (plus de rdv = plus de com) et donc pour les impots, et donc pour la France (en considérant que l'argent est bien employé)

    d'avis plus général et très subjectif :
    les scooters roulant l'été sont moins attentifs que les 2oues circulant toute l'année, par tout les temps
    les automobilistes commencent à intégrer l'usage du rétro.
    j'ai bon espoir d'une prochaine augentation de l'usage du clignotant.
    les vélibs font n'importe quoi.
    Porter un casque sur un vélo ne permet pas de griller les feux en toute impunité (je n'ai jamais eu le moindre problème en 1an et delmi de vélo quotidien, mais je respectai feux, sens de circulation, etc., le tout sans casque !)
    Rouler à vélo bourré est dangereux. Surtout quand les mecs au volant le sont aussi.
    les parkings 2 roues motorisés et non motorisés devraient être mutualisés : Si le but est de dégager les trottoirs des scooters qui gènent la circulation des rares poussettes encore présentes dnas paris (en attente d'un prochain déménagement en proche banlieue où l'on trouve des crèches et des places pour se garer) :
    soit on dérange les piétons, soit on ne les dérange pas.

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  5. J'avais retenu le mot "chatemine" que vous aviez sorti a propos du monde, ou "parfois ambigu" si j'avais bien compris ... Personnellement auparavant fâché avec le journal, je me décide à me remettre à les lire ... du moins sur internet.
    Quant à Montaigne, je pense que son objectivité et sa sagesse "connais toi toi même" et "tout ce que je sais c'est que je ne sais rien" ne sied guère à trop de visiteurs.

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