mercredi, juillet 23, 2008

Les deux blogs

Le fait d'avoir été obligé de déserter le blog de JP Brighelli sous la pression des matons de Panurge m'a conduit à transformer ma réflexion qui couvait en action.

Comme il y a deux types de conversations (voir De l'art de conférer, de Montaigne, auquel je n'ai parait-il rien compris), il y a deux types de discussion sur les blogs :

> le mauvais : la discussion consiste en une querelle d'egos, avec une pincée d'étalage narcissique de ses connaissances. On ne cherche pas la vérité mais à avoir raison, il faut abattre son adversaire ou au moins l'impressionner, quitte, sans même quelquefois s'en rendre compte, à être de mauvaise foi.

Dans ces circonstances, il n'est pas incongru de l'insulter ou de le diaboliser. Un grand classique : «Ces idées réactionnaires qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire ...»

Généralement, ces blogs tournent en rond (Oui ! Non ! Mais oui ! Mais non ! Noir ! Blanc ! Vous en êtes un autre, monsieur etc ...), on y utilise mille mots quand cent suffisent, on s'écoute beaucoup parler mais on n'entend pas les autres, et si, dans ce fatras, il y a trois idées valables, c'est bien de la chance. Des montagne de tchatche et zéro idée neuve.

Ce sont, suivant le mot d'un commentateur, des blogs «de premiers de la classe qui se mesurent la quéquette intellectuelle».

> le bon : la discussion est une collaboration pour découvrir ensemble la vérité. C'est difficile car cela suppose qu'on laisse son ego sur le seuil du blog, qu'on «rende les armes à la vérité d'aussi loin qu'on la voit s'approcher». Et pour y accéder, il faut pratiquer l'humilité en public, attitude peu commune et qui nécessite d'y travailler. C'est d'autant plus ardu qu'il ne faut pas passer de l'humilité à la servilité : si vous ne voyez pas la vérité s'approcher, ne rendez pas les armes.

Pour que la discussion se passe bien, il y faut ce que j'appelle la présomption d'intelligence (un autre nom du respect ?) : commencez par envisager que votre contradicteur a raison, pour bien comprendre ses arguments et ses raisons.

L'agréable de ce genre de blogs est d'être concis, clair et direct, car on n'y parle que si l'on a quelque chose à dire et on y dit que ce qu'on a à dire. Et les discussions n'y tournent pas en rond : en trois ou quatre messages, les termes du débat sont en général posés ; libre ensuite à l'humeur vagabonde des intervenants de dériver sur autre chose.

Il y a effectivement comme le remarque Epicier Vénéneux un ratio longueur des messages/nombre de messages qui mesure approximativement la qualité des discussions (à condition que les messages ne soient pas trop longs, sinon, ça devient verbeux).

Or, de même qu'une pomme pourrie suffit à pourrir le panier entier, un malotru suffit à pourrir un fil de discussion. Le blog Secret Défense a perdu beaucoup de son intérêt depuis que JD Merchet modère a posteriori : trop de hors sujets et de commentaires creux. Il y a un effet d'éviction : les mauvais commentaires chassent les bons.

C'est le rôle du propriétaire des lieux de virer le malappris comme le bon jardinier vire les doryphores.

C'est pourquoi je n'ai aucun scrupule à demander une identification et si ça ne suffit pas, comme le laisse entendre Matthieu, je n'hésiterai pas à recourir à la modération a priori, sachant que je suis plus enclin à censurer le ton et le vocabulaire que les idées.

Qu'on se le dise.

6 commentaires:

  1. Intéressante que cette histoire de censure.
    Pourquoi ne pas simplement ignorer les personnes outrancières et/ou insultantes ?

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  2. Quelle curieuse chose que la nature humaine, tout de même.

    Ceux qui vous insultent, vous traitent de ceci, de cela et pire encore, ceux qui polluent et dénaturent votre travail, ce blog, ceux-là il faudrait les ignorer. Faire abstraction de leur présence comme la plus belle marque de mépris.

    Et pourtant vous ne pouvez pas vous y résoudre.

    Tous ceux qui, au contraire, vous félicitent sans goujaterie, sans esprit courtisan, vous remercie pour tel article, telle idée, telle découverte, tel dialogue, ceux là par contre devraint faire l'obet d'un petit retour, d'une petite marque d'attention. Mais rien. Vous devriez et pourtant vous ne pouvez pas vous y résoudre.

    Curieuse chose que la nature humaine. Notre nature commune. Bien sûr.

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  3. Je trouve le blog de Brighelli très précieux. Pour quelqu'un qui n'est pas partie prenante de l'Educ-naze, il permet de comprendre beaucoup de choses de l'intérieur. Et sa ligne fondamentale me paraît saine.

    Brighelli dénonce toute ce qui ne va pas dans l'école actuelle, bien qu'il soit (si j'ai bien compris, car il semble discret sur le sujet) un gauchiste bon teint.

    C'est aussi ce que j'apprécie chez lui: sa faculté à se détacher du dogme de sa famille de pensée pour une cause qui lui paraît cruciale.

    Après, ses commentateurs (essentiellement des profs) sont très verbeux (lui aussi), et ils se tapent volontiers sur la gueule. Mais ils font ça aussi entre eux, pas seulement avec les "étrangers".

    Cela dit, cela m'étonne que vous vous soyiez fait castagner de manière unanime. Il y a, parmi les commentateurs réguliers, des membres de clans tout à fait opposés. Mécaniquement, une partie de l'assistance aurait dû vous apporter des serviettes chaudes, au lieu de vous lancer des canettes.

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  4. Négliger les importuns est impossible : il y aura toujours quelqu'un pour les reprendre et ils auront réussi à pourrir le débat.

    Je n'ai pas l'impression d'être si ingrat que vous le dites. Merci pour votre contribution :-)

    «Je trouve le blog de Brighelli très précieux» Dans tous les sens du terme.

    «un gauchiste bon teint.» Et même un peu plus : il a écrit un bouquin où il bouffait du curé franchement sectaire.

    «Mécaniquement, une partie de l'assistance aurait dû vous apporter des serviettes chaudes, au lieu de vous lancer des canettes.»

    J'ai reçu deux mails de personnes me disant qu'elles trouvaient le traitement que je subissais excessif mais qu'elles ne se déclareraient pas parce que ça n'en valait pas la peine.

    Voilà sur des sujets aussi sensibles que le racisme et l'homophobie la terreur larvée que font régner les matons de Panurge de la bien-pensance, car enfin je ne vois pas grand risque à intervenir sous un pseudo comme le font la plupart.

    J'ai tout de même été surpris que personne n'ait réagi (ce n'était pas à moi de le faire) au procédé malhonnête de deux intervenants consistant à citer hors contexte des extraits de ce blog où je critiquais les profs, de manière à monter les autres contre moi.

    Pour des gens censés être sensibles aux textes et à leur manipulation, ils se sont montrés bien timorés face à ces pratiques d'agitateurs trotskystes de bas étage (pléonasme).

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  5. J'apprécie les interventions télévisuelles de JP Brighelli.

    Quant à la psychologie du système des commentaires des blogs, ou Web 2.0 si je me souviens bien, les sites internet classiques et autres pages personnelles faisant le web 1.0, elle est complexe et évolutive dans l'espace temps, si tant est qu'il y ait un "espace" dans internet.

    Je confirme que selon moi le système des blogs tient surtout par la pagination, la mise en page plutôt que par le système d'interactivité avec les lecteurs.

    Pour cela, ce blog est assez admirable pour réussir à survivre avec quelques bons commentateurs apportant de l'eau au moulin.

    Le blog de JM Aphatie est une hécatombe malgré l'excellence des billets.

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  6. Aaaah!... Aller chercher ce qu'a dit machin il y a un siècle de l'autre côté de la blogosphère pour le niquer dans la discussion présente qui n'a rien à voir... Un grand classique. Je connais. On me l'a beaucoup faite, celle-là.

    Remarquez, à part montrer que votre contradicteur sait se servir de Google et a une mentalité de flic, ça ne prouve pas grand'chose.

    Evidemment, du temps où il fallait savoir ouvrir un livre et le tenir à l'endroit pour citer quelqu'un à bon escient, le tri naturel préalable était un peu plus efficace.

    A noter que ce truc de flicaillon gauchiste (mais ça se pratique aussi à l'extrême-droite) semble être une spécialité française. En tous cas, je n'ai pas croisé cette pratique dans la blogosphère ultra-libérale mondialisée -- je veux dire anglo-saxonne.

    Pétain, collaboration, lettres anonymes, anyone?

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