mardi, juin 20, 2006

Renards libres dans poulailler libre ?

J'ai trouvé ce texte sur le site de Bertrand Lemennicier :

Beaucoup d’hommes politiques n’hésitent pas, lors de débats publics, à invoquer contre l’existence d’un marché libre ou d’une mondialisation sans contrôle étatique la phrase suivante :

«Le libéralisme, c'est le renard libre dans le poulailler libre. » i.e. supprimer l'État reviendrait à laisser les criminels agir au détriment des honnêtes citoyens alors sans défense.

L’homme politique ou celui qui affirme une telle proposition endosse une vision de l’Etat ou les individus sont réduits en esclavage.

Reproduisons la réponse à cette métaphore telle que l'expose de manière magistrale François René Rideau.

Cette métaphore en dit long sur la façon dont les étatistes considèrent les individus.

Tout d'abord, voyons ce que signifie cette métaphore, quant au rôle de cet État qui se trouve soudain supprimé. Au vu de cette métaphore, alors les individus honnêtes sont des poules dans un poulailler. Qui protège, habituellement, les poules contre les agressions extérieures? Un fermier, l'État, remplit ce rôle; C'est censé être un être supérieur aux poules. [On retrouve là l'argument de Bastiat comme quoi, pour que l'Etat remplisse le rôle que les étatistes lui assignent, il faudrait que les hommes de l'Etat aient des capacités d'analyse et de connaissance suopérieurs à celles du commun des mortels ; ce qu'ils croient sans aucun doute mais qui est faux, il n'y a pas de surhommes, même à l'ENA.]

Mais il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin. Si cette métaphore s'applique, alors il faut accepter de voir dans les individus des bêtes d'élevages, soumises au bon vouloir d'un État fermier. Or ce fermier peut et va à loisir contrôler leur reproduction, voler leurs œufs, les engraisser et les égorger. Le poulailler, c'est l'exploitation des poules par le fermier. Entre le renard et le fermier, il n'est pour les poules que le choix entre deux prédateurs.

L'État n'est pas plus l'ami des citoyens que le fermier n'est l'ami des poules ; comme le fermier exploite ses poules, l'État exploite les citoyens honnêtes. Le criminel, tel le renard, use d'une violence subite, extraordinaire, tandis que l'État use d'une violence ordinaire, permanente; il enferme ses poules de citoyens dans un poulailler, une prison faite de lois et gardée par des chiens-policiers.

Il leur offre un avenir tout fait, où ils seront gavés par diverses subventions mais constamment dépouillés des œufs de la richesse qu'ils créent; ils sont des esclaves durant toute leur vie, jusqu'à ce que l'État les abatte et se nourrisse de leurs dépouilles, confisquant leur héritage.

Les poules libres ne vivent pas dans un poulailler. Elles vivent au grand air. Elles nidifient dans des hautes herbes. Elles sont loin d'être aussi dodues que les poules d'élevage, mais c'est à elles et non pas à un dîneur que profitera la graisse et les muscles qu'elles accumuleront. Elles courent vite, sautent loin par dessus les obstacles pour échapper au renard; au besoin, elles donnent des coups de bec féroces pour se défendre ou protéger la fuite des leurs. Elles ne pondent pas quotidiennement et en vain pour le plaisir des prédateurs humains, mais à fin de reproduction seulement.

Elles ne sont pas enfermées dans une clôture, mais libres de suivre leurs aspirations, et de traverser les routes sans avoir à en répondre à quiconque.

[Comme quoi il faut se méfier des métaphores, elles révèlent quelquefois des pensées secrètes. Le contrôle étatique et la liberté s'opposent.

Mais, bien entendu, ceux qui demandent le contrôle par l'Etat espèrent toujours être du bon coté du manche, celui des contrôleurs, plutôt que celui des controlés. C'est pourquoi ils peuvent jurer les grands dieux qu'ils ne cherchent pas attenter à la liberté, mais ils pensent, quelquefois inconsciemment, à la leur, à leur liberté de contrôleurs, ce sont comme l'écrivait l'excellent P. Muray, des "matons de Panurge".]

2 commentaires:

  1. Développement et métaphore intéressante, mais il est toujours bon de rappeler que le libéralisme ne signifie pas une absence total d'état. L'Etat de droit reste et contrôle malgré tout mais sur des domaines bien précis : l'écologie, le maintien de la libre concurrence (anti-monopole), les avancée scientifiques (clonage..), etc ... Les Etats Unis sont sur ce plan exemplaire étant donnée la taille de leur pays : un exemple est que la plupart de nos catastrophes pétrolières n'auraient pas pu se produire chez eux, car la vétusté des bateaux, ainsi que les règles de dégazage sont mieux réglementées ! Donc un pays très libéral réglemente mieux son économie, qu'un pays social anti-libéral comme le notre !! (sans parler des désastres écologiques créés par les ex-pays de l'est socialistes ... => la raison est qu'à s'épuiser à tenter de gérer l'ingérable, on en oublie l'essentiel ...).

    C'est totalement paradoxal et c'est pour cela que c'est compliqué, les gens n'y comprennent pas grand chose ... Le problème avec l'économie c'est justement qu'elle défie notre intelligence, et ça les Français n'aiment pas ...
    Quand on voit que la filière "économique et sociale" (l'intitulé lui même est cocasse) au lycée est la voie de garage alors que c'est une matière noble aux états unis, on a tout compris sur le problème français ...

    ps: pour résumer, il faudrait trouver une instance supérieure qui suit votre poule mise en liberté et lui donne quelques moyens de se défendre contre le renard ! Un collier ballistique électrifié ? :) ... A moins que vous ne soyez partisan de la liberté économique absolue, i.e. du chaos auto-géré qui trouve son équilibre naturellement ?

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  2. Pour compléter je voudrais dire que l'économie est une matière compliquée et qu'elle ne peut être vue de manière binaire ou manichéenne comme la vision droite / gauche, altruiste / nationaliste, etc ... L'économie EST, et demande de l'intelligence de gestion et de suivi ... L'économie requiert une abnégation, ce même au plus haut niveau de l'état. L'acceptation d'une puissance auto-régulatrice qu'on ne peut contrôler, ou plutôt border, régir qu'avec des pincettes. Qu'on ne peut surtout pas DOMINER.

    Le problème français est que le président se prend encore pour Dieu et pense pouvoir tout réglementer sur le sol français : 2 raisons à cela : plus de monarchie, plus de religion, cqfd, le président de la république en France est à la fois le roi et le Dieu de l'Etat, à savoir la plus haute instance hiérarchique (voire spirituelle, puisque les droits de l'homme sont une idéologie) dans l'inconscient collectif ... Il s'auto-légitime de faire n'importe quoi, en particulier sur les questions économiques.

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