mercredi, mars 29, 2006

Les perdants

François-Xavier Pietri dans La Tribune

À n'en pas douter, la mobilisation d'hier - même si les cris de victoire des organisations syndicales sont à nuancer - vient fragiliser un peu Dominique de Villepin. Le Premier ministre, plus que jamais solitaire dans son exercice malgré l'appui affiché de son gouvernement, voit désormais le sort du CPE - et, qui sait, le sien - entre les mains de l'Élysée. Au passage, et sauf miracle, l'aspirant à la fonction suprême a probablement perdu une grande partie de ses chances, pour ne pas dire presque toutes, de concourir en 2007 à l'élection présidentielle. C'est d'autant plus vrai qu'au sein même de sa majorité, et sans parler de la voix naturellement discordante de Nicolas Sarkozy, des grincements de dents se font de plus en plus entendre à l'UMP. Grincements qui, souvent, précèdent de peu la morsure, tant il est vrai que des élus de terrain, qui craignent d'être pris à partie dans leurs circonscriptions, hésitent rarement longtemps avant de faire connaître à Paris l'ire de leurs administrés. À l'évidence, la droite n'aura rien gagné dans ce dossier.

Mais la grande perdante, ce sera probablement la France. D'abord parce que cette affaire n'est pas bonne pour la marche de l'économie, surtout quand celle-ci repose essentiellement sur la consommation des ménages. Ensuite, comme l'a d'ailleurs souligné la patronne des patrons, Laurence Parisot, parce que l'image du pays, déjà fragile à l'international, va en prendre encore un coup. Il y a quelques jours, le Figaro rapportait une intéressante étude commandée par l'université du Maryland démontrant que la France est le seul - bien lire le seul ! - grand pays au monde dans lequel la majorité de la population se déclare hostile à l'économie de marché. Les Chinois, pour des raisons qu'on comprend facilement, sont 74 % à la considérer meilleure pour l'avenir. L'étude vaut ce qu'elle vaut. Mais les événements des dernières semaines tendent à prouver que les Français ne sont pas encore prêts, alors qu'il serait temps, à se réconcilier avec l'économie. Et que notre classe politique, de droite comme de gauche, ne fait pas grand-chose, c'est le moins qu'on puisse dire, pour leur rendre le service de les y aider.

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