jeudi, janvier 20, 2005

Pour une politique de rupture ?

Aujourd'hui, nous sommes dans un cycle infernal :

dépenses publiques -> sous-investissement -> déflation larvée -> chômage -> intervention étatique -> dépenses publiques

Ce cercle vicieux entraîne la France sur la pente d'un appauvrissement progressif mais certain. L'appauvrissement, comme l'éclatement des bulles spéculatives, se fait par saccades, les longues glissades sont suivies de courtes périodes de rémission, des secteurs surnagent pendant que d'autres, plus nombreux, s'écroulent. Ils se trouvent donc toujours des docteurs Tant-mieux pour nous expliquer que tout cela n'est pas si grave.

Je m'adresse donc à ceux qui ont pris conscience du problème (tant pis pour les docteurs Tant-mieux).

Je me demande comment en sortir.

Paul Fabra (je vous poste le résumé de La diable et le chômage après demain) propose un super-impôt ponctuel sur le patrimoine destiné à éteindre une fois pour toutes la dette de l'Etat et de repartir sur de bonnes bases, c'est à dire zéro déficit et zéro dette.

Economiquement, c'est la bonne solution. Mais politiquement ?

Après tout, chacun voit midi à sa porte et certains croient encore qu'il faut augmenter les dépenses publiques. Comment appliquer cette politique ?

Nos politiciens se comportent comme des amateurs papillonants. Aucune concentration ni ligne directrice. Ce qui ne manque pas de provoquer un désarroi profond chez les citoyens.

Pourquoi ? Parce que le mauvais réflexe en période de crise est de renforcer les pouvoirs de l'Etat (c'est normal, nos énarques sont formés à cela), de faire de l'activisme étatique. Cette réaction, appliquée systématiquement depuis vingt ans, a sans conteste prouvé son inadaptation. Nos hommes politiques s'en rendent bien compte, mais comme c'est la seule réaction qu'ils ont dans leur éventail (l'éventail à un pli, c'est petit !), ils ne savent pas, et n'envisagent même pas vraiment, de faire quelque chose d'autre.

Là est la véritable pensée unique. Et ils persévèrent dans l'erreur, mais avec mauvaise conscience, d'où la multiplication des observatoires Théophile et des comités Théodule : l'Etat s'étend encore, mais il n'ose plus agir ouvertement, alors, pour s'occuper, il observe, il consulte.

Acculés, les gouvernants peuvent aussi choisir de se débarrasser du problème plutôt que de le résoudre en le transférant "à Bruxelles".
On sait les anciennes idées impuissantes mais on n'en a pas de nouvelles, alors on navigue à vue.

D'où cette impression d'impuissance et de fébrilité.

Lionel Jospin s'était excusé d'avoir dit, à propos des licenciements chez Michelin, que l'Etat ne peut pas tout. Grave capitulation de l'intelligence devant le préjugé. Au contraire, il aurait du enfoncer ce clou démocratique. Non, l'Etat ne peut pas tout et c'est très bien ainsi.

Donc, point de départ de tout, des principes corrects :

- ce que l'Etat fait doit être mesuré, évalué, corrigé. L'Etat est responsable devant les citoyens

- la vie économique a sa logique propre qui repose sur le contrat qui lie les individus. L'intervention de l'Etat dans cette logique la perturbe et risque d'introduire des injustices. L'Etat ne doit pas vouloir se mêler de tout, sous peine de se condamner lui-même à l'inefficacité.

- le rôle économique de l'Etat est de fournir un cadre stable et pérenne pour les relations entre acteurs économiques, non d'influer au gré des circonstances sur les relations entre les acteurs dans un sens ou dans un autre.

- le capital productif accumulé crée la richesse et l'emploi

Muni de ces principes, il reste à élaborer un projet :

Il doit être :

- cohérent. Les principes sont là pour ça.

- transparent : pas de sous-entendus ou de non-dits- exhaustif. Sachant que tous les problèmes ne peuvent être anticipés, on se reportera aux principes pour décider en face d'un problème inattendu

- souple. L'exhaustivité est un but, inaccessible. L'adaptation doit être en accord avec les principes.

Pour s'accorder au rythme de la vie politique actuel, ce projet doit être minutieusement préparé dans l'opposition, de manière à ce que la majorité des lois et décrets s'y rattachant soit publiée dans les trois premiers mois après l'arrivée au pouvoir. Après six mois, les quelques lois qui pourraient encore passer seraient liées à des réglages et des ajustements, mais le coeur du dispositif serait en place.

On touche là un grave poblème : la faiblesse des "think tank" et des partis politiques français. Nous n'avons pas de "shadow cabinet" à l'anglaise.

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